Les magasins fermés ont évidemment forcé bon nombre de consommateurs à faire leurs achats en ligne, ces derniers mois. Mais quelle a été l’ampleur du phénomène ? Statistique Canada l’a chiffré dans une analyse dévoilée vendredi.

RECORDS À LA HAUSSE ET À LA BAISSE

En même temps que les commerçants canadiens subissaient « des baisses record » de leurs ventes, le printemps dernier, ils assistaient « à une hausse record » des achats faits en ligne, note Statistique Canada.

Par exemple, en avril, les ventes ont totalisé 33,9 milliards, en baisse de 29 % par rapport à février et de 26 % par rapport au même mois en 2019.

Mais, au même moment, le commerce électronique a connu une progression mensuelle de 64 %.

Toujours en avril, les achats en magasin ont dégringolé de plus de 25 %, surtout parce que les commerces étaient pour la plupart fermés.

+ 111 %

En mai, la tendance s’est poursuivie. Les ventes en ligne « ont atteint un niveau sans précédent de 3,9 milliards de dollars », en hausse de 99 % par rapport à février (2 milliards). Par rapport à mai 2019, il s’agit d’un bond de 111 %.

QU’AVONS-NOUS DAVANTAGE ACHETÉ EN LIGNE ?*

Meubles et accessoires : + 191 %

Articles de sport, loisirs, passe-temps : + 155 %

Aliments et boissons : + 107 %

Vêtements et accessoires : + 83 %

Produits de santé et soins personnels : + 56 %

Matériaux de construction et de jardinage : + 41 %

*Moyenne de février à avril 2020

Et l’avenir ?

La pandémie de COVID-19 aura-t-elle des répercussions durables sur le secteur du commerce de détail ? « Les petites entreprises se tournent de plus en plus vers les plateformes de commerce électronique et les utilisent de façon novatrice, répond Statistique Canada. De toute évidence, le paysage du commerce de détail évoluera. »

Interrogé par La Presse canadienne, Kostya Polyakov, associé et leader national du groupe marchés de consommation et commerce de détail chez KPMG Canada, croit que « la division entre les achats en ligne et les achats en magasin a changé pour toujours », mais qu’elle ne sera pas aussi marquée que les chiffres rapportés par Statistique Canada vendredi. « Je passe beaucoup de temps avec les grands détaillants du pays, poursuit-il. Le consensus est que les acheteurs retourneront dans les magasins. »

Même son de cloche chez Marty Weintraub, leader national du commerce de détail chez Deloitte. « Nous ne croyons pas que l’usage du commerce électronique demeurera au niveau actuel. Nous commençons déjà à voir un léger recul, notamment pour l’achat de vêtements, a-t-il déclaré à La Presse canadienne. Mais l’utilisation du commerce électronique restera assurément plus élevée qu’avant. »

« Le commerce évoluera en fonction de la pandémie en cours, prédit M. Weintraub. Plus la crise sanitaire durera longtemps, plus il est vraisemblable que ces nouvelles habitudes de consommation persisteront. »

— Avec La Presse canadienne