Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi affronte mardi un vote test pour sa survie politique alors que l'Italie risque d'être emportée par la crise de la dette, après la Grèce où des négociations se poursuivent sur la formation d'un gouvernement d'union nationale.

En Italie, le Corriere della Sera, quotidien de référence, évoque une «longue agonie, avec frais additionnels», en allusion à la hausse des taux d'intérêt des obligations italiennes.

Après avoir fait du yo-yo toute la journée lundi au gré des rumeurs de démission de Silvio Berlusconi et des démentis successifs, les taux d'intérêt à dix ans ont atteint mardi matin, un nouveau record, 6,73%, un niveau insoutenable sur la durée au regard du poids de la dette très importante du pays (1900 milliards d'euros, environ 120% du PIB).

Ces taux vont de record en record depuis vendredi, jour de l'annonce de la mise sous surveillance de l'Italie par le Fonds Monétaire International (FMI) et l'Union Européenne.

Une évolution «inquiétante» pour les analystes de la anque ING, «car elle est similaire à ce qui s'est passé en Grèce, en Irlande et au Portugal», trois pays qui ont fini par faire appel à une aide financière internationale.

«Les marchés le disent clairement: le gros problème de l'Italie, c'est le déficit de crédibilité politique», souligne Giuliano Noci, professeur d'économie au MIP, l'école de commerce de l'Université Politecnico de Milan.

L'économiste craint en outre que l'Italie ne réussisse plus à refinancer sa dette, faute de demande suffisante, ce qui serait un point de «non-retour».

Lundi soir, Rome s'est retrouvée sous la pression de ses partenaires de la zone euro qui ont annoncé que le respect des engagements de l'Italie serait également contrôlé par la Banque Centrale Européenne (BCE).

De ce fait, ce pays ne sera pas loin du traitement réservé aux pays de la zone euro ayant été contraints de recourir à l'aide internationale.

Une éventuelle contagion de la crise de la dette à l'Italie mettrait à genoux l'ensemble de la zone euro.

«L'Italie sait que vu la taille du pays, elle ne peut pas espérer une aide extérieure, c'est la raison pour laquelle des efforts énormes sont faits en Italie en ce moment», a déclaré mardi la ministre autrichienne des Finances, Maria Fekter.

La Bourse de Milan continuait de son côté à parier sur la démission de Silvio Berlusconi et prenait 1,85% vers 9h30 GMT (4h30 à Montréal).

Alors qu'une réunion des ministres des Finances de l'ensemble de l'Union européenne se tient mardi à Bruxelles, le ministre italien des Finances, Giulio Tremonti, est rentré précipitamment à Rome.

Un vote test pour le Cavaliere doit en effet avoir aura lieu dans l'après-midi. Il porte sur le bilan 2010 de l'État italien.

L'ensemble de la presse italienne estime que le nombre de députés qui pourraient voter ce document technique ne devrait pas dépasser les 311 ou 312, en dessous de la majorité absolue de 316.

Personne ne sous-estime la capacité de Silvio Berlusconi de convaincre les indécis et rebondir au dernier moment, mais si le texte devait être adopté par un nombre de députés inférieur à la majorité absolue - l'opposition ayant laissé entendre qu'elle s'abstiendrait -, cela signifierait que le Cavaliere ne dispose plus d'une majorité lui permettant de gouverner et il devrait en tirer les conséquences.

De son côté, la Grèce attendait avec impatience mardi le nom de son premier ministre qui dirigera un gouvernement de coalition entre socialistes et opposition de droite en vue de sauver le pays de la faillite.

Après plus de 24 heures de tractations et plusieurs entretiens téléphoniques lundi entre le premier ministre sortant Georges Papandréou et le dirigeant de la droite de la Nouvelle-Démocratie Antonis Samaras, les deux hommes poursuivaient mardi matin leurs contacts pour trouver un premier ministre de consensus, selon des sources gouvernementales.

Un conseil des ministres sous l'égide de M. Papandréou est prévu à la mi-journée, selon la même source.

Même si la situation politique en Grèce s'est débloquée, la zone euro reste méfiante et ses représentants ont demandé lundi soir un engagement écrit aux deux principaux partis grecs à respecter les promesses d'économies budgétaires et de réformes avant tout versement de nouveaux prêts.