Une bonne diversification de son portefeuille nécessite des investissements à l'étranger. Tous les experts en conviennent. Mais où aller? Les États-Unis, l'Europe, les pays émergents?

Pour l'année 2011, il semble que chaque région connaîtra sa part de difficultés. Plus que jamais, les investisseurs devront bien s'informer avant de passer à l'action.

Durant la première moitié de l'année, il sera préférable de favoriser les États-Unis, selon Robert Brunelle, premier vice-président chez Hexavest, firme de gestion de portefeuille de Montréal.

La raison? La Réserve fédérale s'est engagée dans un programme d'assouplissement monétaire qui va durer jusqu'en juin.

En rachetant les obligations du gouvernement fédéral, la banque centrale américaine se trouve à injecter continuellement des liquidités qui viennent soutenir la hausse des cours boursiers. Depuis le creux de mars 2009, les Bourses américaines se sont appréciées de plus de 80%.

Mais ce faisant, les dirigeants américains achètent de la croissance à court terme, explique M. Brunelle. «Quant aux résultats à plus long terme, nous sommes en terrain inconnu», dit-il.

Invitation à la prudence

Ce qui est préoccupant pour les épargnants qui choisissent actuellement le marché américain pour leurs investissements étrangers, c'est que le consensus des experts révèle que tout cela va mal se terminer.

La bonne nouvelle, c'est qu'on verra venir le coup et qu'on pourra vendre à temps, explique M. Brunelle. Cela constitue sûrement une invitation à la prudence.

Du côté européen, plusieurs pays membres de l'Union européenne ont opté pour des mesures plus prudentes, et la banque centrale est demeurée moins accommodante que la Réserve fédérale.

Les pays en difficulté doivent appliquer des mesures restrictives pour faire face aux déséquilibres budgétaires.

En conséquence, la reprise économique s'avère plus ardue en Europe qu'aux États-Unis. «Mais si on résiste aux manifestations et qu'on maintient la discipline budgétaire, on pourrait avoir éventuellement une agréable surprise», dit-il.

Cela dit, il faudrait probablement investir dans cette région en deuxième moitié d'année.

Les pays émergents

Il est certainement difficile de ne pas succomber à l'attrait des pays émergents pour assurer la croissance de son portefeuille.

La démographie joue en leur faveur, ils sont moins endettés, leurs moyens de production sont très concurrentiels et, par-dessus tout, ils ont de l'épargne à leur disposition. «À n'en pas douter, la croissance économique mondiale va venir de là», dit Robert Brunelle, d'Hexavest.

Même son de cloche de la part de Luc Girard, du groupe conseil en portefeuille pour les particuliers de Valeurs mobilières Desjardins.

Les pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) vont continuer de réaliser des taux de croissance économique plus élevés que les grandes économies, plus matures. M. Girard préfère toutefois s'éloigner de la Russie à cause de la situation politique.

Même s'il faut croire au potentiel de croissance des pays émergents, il faut se méfier à court terme de l'inflation dans ces pays, explique M. Brunelle.

Les importants flux de capitaux dont ont profité les pays émergents causent maintenant une poussée de l'inflation qui doit être rapidement maîtrisée.

La Chine et l'Inde mettent en place actuellement des mesures restrictives afin de juguler l'inflation, au détriment de la croissance économique.

La Chine augmente régulièrement depuis quelques mois les réserves que doivent maintenir les banques, ce qui restreint le crédit aux entreprises.

Quant à l'Inde, la banque centrale vient tout juste d'augmenter son taux directeur pour la septième fois depuis 2010. Il atteint maintenant 6,5%, par rapport à 1% au Canada et 0,25% aux États-Unis.

La théorie des petits pas

À ceux qui envisagent d'investir dans les pays émergents, M. Brunelle suggère de le faire graduellement.

Règle générale, la portion du portefeuille investi dans les économies émergentes ne devrait pas excéder 15%. Cela correspond au poids que représentent les pays émergents dans l'indice MSCI ACWI (All Country World Index).

Comment y investir? Par des fonds négociés en Bourse. Dans la plupart des cas, les frais sont beaucoup moins élevés que pour les fonds communs qui facturent de 2,5 à 3,5% de frais annuels.

Pour sa part, Luc Girard, de Desjardins, suggère deux fonds américains qui répondent bien aux besoins des particuliers.

D'abord, le fonds dont le symbole est FNI à la Bourse de New York. Ce fonds reproduit la performance des indices boursiers de la Chine et de l'Inde.

Ensuite, le fonds dont le symbole est ADRE qui se négocie sur le parquet du NASDAQ. Il s'agit d'un fonds qui regroupe 50 sociétés de croissance dans les différents pays émergents.