Malgré l'optimisme de la majorité des gestionnaires et la confiance actuelle des investisseurs, il en reste certains qui n'y croient pas du tout. Dans les milieux où règne l'optimisme, on les surnomme les permabears, ceux qui sont toujours pessimistes à l'égard des perspectives.

Ils prétendent qu'on se leurre si l'on croit que les marchés sont sur la voie ascendante. Au contraire, l'embellie actuelle des marchés ne serait qu'une correction d'un marché baissier à plus long terme. Le risque est qu'on retombe avant longtemps au creux de mars 2009, effaçant ainsi toute la remontée des deux dernières années.

Cette thèse est soutenue par David Rosenberg, chef économiste et stratège chez Gluskin Sheff + Associates, de Toronto. Et il n'est pas le dernier venu. Auparavant chef économiste de Merrill Lynch à New York, M. Rosenberg jouit d'une grande notoriété auprès de la communauté financière tant canadienne qu'américaine.

«Les investisseurs ne voient pas les risques, mais ils sont présents», a-t-il récemment écrit dans un quotidien torontois. La hausse de 2009-2010 rappelle celle de 2003-2007, qui n'était aussi qu'un rallye dans un marché baissier et qui s'est très mal terminée.

«Comme la hausse de 2003-2007 bâtie sur une appréciation irréaliste du prix des maisons, celle de 2009-2010 s'appuie sur des interventions gouvernementales surréalistes», dit-il.

L'économiste concède que les interventions ont peut-être sauvé le système financier et permis d'éviter une dépression économique au début de l'année 2009, comme certains dirigeants américains aiment bien le croire. Mais l'avenir démontrera qu'il n'y a rien de gratuit et qu'il faudra bien rembourser un jour, croit M. Rosenberg.