Semafo et MDN sont des entreprises minières québécoises qui ont préféré l'Afrique au Québec pour accéder au rang de producteur d'or.

Et leur stratégie a porté ses fruits, en dépit des défis de l'exploration internationale.

Benoit La Salle, président et chef de la direction de Semafo, a choisi l'Afrique de l'Ouest en 1994 parce qu'il connaissait bien le continent et ses dirigeants. De plus, de vastes territoires propices à l'exploration, principalement au Burkina Faso, au Niger et en Guinée, étaient disponibles.

Aujourd'hui, cette entreprise est le plus important producteur d'or dont le siège social est au Québec.

La société de Saint-Laurent emploie 1800 personnes. Ses trois mines, construites pour quelque 300 millions, produiront plus de 240 000 onces d'or en 2009, à un coût direct d'environ 430$US l'once.

Ses ressources dépassent les 6 millions d'onces d'or.

Selon M. La Salle, le secret pour réussir dans ces régions de l'Afrique, souvent réputées pour leur instabilité, est l'engagement social et économique envers les pays hôtes.

«Le secteur minier est essentiel pour l'Afrique. C'est lui qui permettra de créer l'infrastructure, le système d'éducation, et l'introduction de la culture du travail», a dit M. La Salle à La Presse Affaires.

Selon lui, cet engagement consiste d'abord à laisser environ 40% des profits (après la récupération du capital), en impôts ou autres, au pays.

C'est aussi de consacrer beaucoup de temps à l'organisation des services sociaux, au financement de l'aide internationale, au partage de l'expertise financière, économique et technologique, et à l'entretien de bonnes relations avec la population et le gouvernement.

Ce genre d'approche du développement économique à valu à M. La Salle la décoration de l'ordre national du Burkina Faso et du Niger.

Toutefois, tout cela ne met pas Semafo à l'abri des turbulences, puisque l'entreprise a dû suspendre récemment la réalisation de nouveaux investissements en Guinée. Malgré tout, les marchés financiers s'intéressent de plus en plus à Semafo.

La hausse du prix de l'or, les nouvelles recommandations, et les bénéfices que dégage la société ont poussé l'action à son sommet de plusieurs années.

Stuart McDougall, analyste chez Jennings Capital, à fait passer récemment sa cible sur le titre de Semafo (Tor., SMF, 3,90$), de 3,50$ à 5$. Il entrevoit des profits par action de 31 cents US et des fonds autogénérés de 54 cents US l'action en 2010.

«La hausse de la cible reflète la confiance envers les projets d'exploration autour de la mine Mana, la principale mine de Semafo au Burkina Faso», a dit M. McDougall.

De l'Abitibi à la Tanzanie pour MDN

Pour des raisons à peu près semblables, Paul Girard, président et chef de la direction de MDN, a décidé de tenter sa chance en Tanzanie en 1997.

MDN, c'est le nom d'Exploration minière du Nord, l'une des plus vieilles sociétés d'exploration québécoises. La Tanzanie venait d'ouvrir son territoire aux capitaux étrangers.

MDN s'est alors associée à Pangea Gold qui s'y était déjà installée, puis elle a acquis d'autres terrains d'exploration. Plus tard Barrick Gold a acheté Pangea, devenant le gérant du partenariat avec MDN.

«À peu près tout le territoire minier de la Tanzanie nous était offert. C'était comme si nous étions arrivés en Abitibi il y a 100 ans et que nous avions pu choisir tout ce qu'il y a de mieux», a raconté M. Girard.

Douze ans plus tard, et après 41 millions d'investissements, MDN possède 30% de la mine d'or Tulawaka, exploitée par Barrick Gold.

L'exploitation qui a commencé à ciel ouvert en 2005, se fait actuellement par des galeries souterraines.

La cadence de la mine, qui a produit 729 000 onces d'or depuis son ouverture en 2005, est d'environ 100 000 onces d'or par année.

Selon M. Girard, les résultats des récents travaux d'exploration souterraine permettent d'entrevoir un prolongement de sa vie au-delà des réserves actuelles, estimées par Barrick à 263 000 onces d'or.

MDN peut donc compter sur des revenus provenant de la vente d'au moins 30 000 onces d'or par année. Le coût d'exploitation au comptant du dernier trimestre a été de 375$US l'once.

MDN a remboursé toutes ses dettes et elle a haussé son encaisse à près de 25 millions. La société poursuit activement l'exploration de ses propriétés à l'extérieur de la mine Tulawaka.

Même que les profits de Tulawaka pourraient bénéficier au Québec.

MDN évalue en effet la faisabilité d'un projet d'exploitation de niobium-tantale à Girardville, au nord-ouest du Lac-Saint Jean.

IAMGOLD, qui exploite la seule mine de niobium en Amérique du Nord à Saint-Honoré, au Saguenay, est partenaire du projet.