(Montréal) Soupir de soulagement, la FIQ vient finalement de signer sa convention collective avec le gouvernement du Québec.

Cette signature tant attendue devrait permettre d’alléger un peu le contexte difficile dans lequel évoluent les infirmières — c’est ce qu’espèrent les deux parties.

La nouvelle convention entrera en vigueur le 10 octobre et le restera jusqu’au 31 mars 2023.

La Fédération interprofessionnelle de la santé représente 76 000 membres, soit la grande majorité des infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes au Québec.

La nouvelle convention prévoit plusieurs mesures incitatives pour stabiliser les équipes en soins infirmiers, notamment par une cible de rehaussement des postes à temps complet de l’ordre de 70 % à 80 %. Pour y parvenir, des primes sont bonifiées.

Aussi, on ajoute des postes à temps complet : 1500 postes doivent être ajoutés, dont 1000 dans les CHSLD (Centres d’hébergement et de soins de longue durée).

En plus des augmentations de salaire versées à l’ensemble des employés de l’État, deux montants forfaitaires sont versés pour les périodes du 1er avril 2019 au 31 mars 2020 et du 1er avril 2020 au 31 mars 2021. « Cela représente un montant d’un peu plus de 1200 $ pour une salariée à temps complet », souligne le Conseil du trésor.

De plus, une « prime spéciale » de 3,5 % jusqu’au 30 mars 2023 a été accordée « en guise de reconnaissance suivant la reprise des activités en raison du délestage découlant de la pandémie », ajoute le Conseil du trésor.

La convention prévoit aussi des mesures pour accroître la flexibilité dans l’organisation du travail, comme des projets pilotes pour mieux gérer les horaires.

De même, la semaine normale de travail passe à 37,5 heures.

Le gouvernement s’est aussi engagé « à revoir la circulaire ministérielle » dans le but de réduire le recours aux agences de placement.

Lorsque le gouvernement Legault avait annoncé, le 23 septembre, des mesures pour tenter de ramener 4300 infirmières dans le réseau public, il avait lui-même fait référence à la nécessité de voir cette convention collective signée pour qu’elle puisse entrer en vigueur et contribuer aussi à soulager les infirmières.

LeBel et Dubé heureux et confiants

Pour la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, cette nouvelle convention, jumelée aux mesures incitatives annoncées, « démontre une fois de plus toute l’importance que notre gouvernement accorde au secteur de la santé ».

Pour le ministre de la Santé et des Services sociaux, Christian Dubé, la nouvelle convention collective « vient reconnaître toute l’importance de ces professionnelles et professionnels pour la santé du réseau » et ajoute des mesures pour améliorer leurs conditions de travail, « en s’attaquant sérieusement aux heures supplémentaires obligatoires ».

« Nous leur donnerons la bouffée d’air dont elles ont besoin et nous rendrons la profession plus attrayante. J’ai confiance que tout est là pour stabiliser le réseau, ce qui nous permettra de le moderniser, au bénéfice de tous les Québécois », a commenté le ministre Dubé.

La négociation de la FIQ a été on ne peut plus laborieuse, s’étalant sur plus de 18 mois. Une première entente, sur les conditions de travail seulement, avait été convenue en novembre 2020, puis rejetée par une instance intermédiaire. Une entente bonifiée sur les conditions de travail avait finalement été acceptée en décembre 2020. Puis une autre négociation avait suivi en 2021 pour convenir d’autres questions.

Finalement, l’entente globale a été entérinée, mais par un faible pourcentage, soit 54 % — signe d’une insatisfaction persistante au sein de la profession, à cause des problèmes récurrents de pénurie de main-d’œuvre, d’heures supplémentaires obligatoires, de création de postes à temps complet qui sont intéressants et de ratios infirmière-patients.