(Ottawa) Les premiers ministres des provinces et des territoires ne se font pas d’illusions : il faudra bien plus qu’une rencontre pour que le gouvernement fédéral accepte de hausser les transferts en santé.

Ceux-ci exigent, d’une voix unanime, une augmentation de 28 milliards des transferts fédéraux en santé. Cette somme ferait passer de 22 % à 35 % la part du gouvernement fédéral dans leurs dépenses dans ce domaine.

Ils en discuteront avec le premier ministre Justin Trudeau et son ministre des Affaires intergouvernementales Dominic LeBlanc lors d’une rencontre prévue jeudi, par vidéoconférence.

« Je ne m’attends pas à ce que ça soit réglé [jeudi] après-midi », a déclaré le premier ministre du Québec et président du Conseil de la fédération, François Legault, mercredi. « La situation risque d’évoluer jusqu’à la prochaine élection fédérale », a-t-il ajouté.

Son homologue de l’Ontario, Doug Ford, va quant à lui exiger une réponse du gouvernement fédéral « pas plus tard que le budget du printemps », a indiqué son attachée de presse Ivana Yelich, dans un courriel.

Blaine Higgs, du Nouveau-Brunswick, espère qu’ils pourront au moins tous s’entendre sur une autre date pour poursuivre les discussions au terme de la rencontre de jeudi.

Les provinces et territoires souhaitent que la discussion porte surtout sur cette hausse des transferts en santé, mais Ottawa voudra également discuter de la distribution des premières doses du vaccin de Pfizer qui vient d’être autorisé par Santé Canada.

Celles-ci devraient commencer à arriver au pays au courant de la fin de semaine et lundi.

Bien que le début de la vaccination soit une « bonne nouvelle », la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) rappelle qu’il faudra des mois avant que le vaccin protège l’ensemble de la population et que le virus continuera de sévir pendant ce temps.

La FMSQ prévoit qu’il y aura des coûts supplémentaires à court et à long terme sur le réseau de santé déjà fragilisé par la crise.

« Le gouvernement fédéral, qui a démontré une attitude très collaborative dans les derniers mois, doit le reconnaître et aider les provinces à faire face à la situation en augmentant substantiellement ses transferts en santé », a exhorté la Fédération dans un communiqué de presse.

Le gouvernement fédéral, lui, réitère avoir déjà transféré plus de 20 milliards aux provinces et territoires cette année pour les aider à passer à travers la pandémie.

Cette somme inclut les 500 millions au début de la crise pour répondre aux besoins en santé, 2 milliards pour faciliter la rentrée scolaire et 19 milliards dans le cadre de l’Accord sur la relance sécuritaire.

Un autre milliard est maintenant sur la table pour prévenir des éclosions dans les centres de soins de longue durée, mais cet argent sera « conditionnel à la présentation de plans de dépenses détaillés et attribués », peut-on lire dans l’énoncé économique de la semaine dernière.

L’idée d’assortir des conditions à l’argent promis aux provinces avait déjà fait sursauter Québec.

Mercredi, le chef du Bloc québécois, Yves-François Blanchet, est revenu à la charge à la période de questions pour tenter de coincer M. Trudeau à la veille de sa rencontre avec les premiers ministres.

« Est-ce qu’il va arriver encore avec une attitude de confrontation et d’ingérence, ou est-ce qu’il va arriver avec une proposition de nature à satisfaire les demandes, sans ingérence, des premiers ministres du Québec et des provinces ? » a demandé M. Blanchet.

« Je sais que le Bloc québécois cherche toujours la confrontation et les chicanes, mais nous avons travaillé extrêmement bien avec les premiers ministres des provinces depuis bien des mois », a rétorqué M. Trudeau.