Les partis d'opposition sont unanimes : il faut rapidement corriger le tir et augmenter le taux d'utilisation des appareils d'imagerie médicale, sous-utilisés dans les grands hôpitaux du Québec.

Selon des données dévoilées par La Presse jeudi, ces appareils -qui servent à détecter des maladies graves, comme les cancers- fonctionnent seulement de jour la semaine et au ralenti le week-end dans la majorité des 15 hôpitaux du Québec où le taux d'attente est le plus élevé et pour lesquels La Presse a obtenu des statistiques. À titre d'exemple, les six appareils IRM du Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) fonctionnent à peine 8 heures par jour alors qu'il y a toujours plus de 7000 personnes sur une liste d'attente. 

« Inconcevable », dit le Parti québécois (PQ), « décevant » et révoltant, affirme la Coalition avenir Québec (CAQ), « scandaleux », ajoute Québec solidaire (QS). 

En décembre, le ministre de la Santé, Gaétant Barrette, a affirmé au 98,5 FM que les appareils fonctionnaient 16 heures par jour « partout où il y avait de l'attente et une disponibilité de personnel ». Québec a depuis investi 7,2 millions pour réaliser 47 500 examens supplémentaires en IRM et 49 600 examens supplémentaires en TDM. 

Pour diminuer les listes d'attente, M. Barrette dit maintenant souhaiter conclure des négociations avec la Fédération des médecins spécialistes d'ici le 1er juillet pour que les examens d'IRM et de TDM soient désormais couverts par la RAMQ lorsqu'ils sont réalisés au privé. 

« Illogique », rétorque le PQ 

Pour Diane Lamarre, critique péquiste en matière de santé, cette solution est « illogique ». « Je pense qu'on doit utiliser pleinement les infrastructures qu'on a payées et les mettre au service des citoyens. (...) Qu'on fasse attendre des gens à ce moment-ci est inconcevable », a-t-elle affirmé à La Presse.

« [La solution de Gaétan Barrette] fait sortir de l'argent du système public. Cet argent ne reviendra pas. Les investissements, s'il y a de nouveaux appareils, ça sera le privé qui pourra s'équiper. Ça ne sera pas l'hôpital, parce qu'il sera démuni », a-t-elle déploré. 

« C'est une promesse encore ratée », a dénoncé de son côté François Paradis, critique de la CAQ en matière de santé. 

« Si on se met dans la tête du patient, le stress et l'anxiété [qu'il doit  vivre], tu ne peux pas rompre une promesse comme celle-là. (...) On a les outils, ils nous appartiennent, on ne les fait pas rouler. C'est inacceptable. Pour demain, [il faut] des directives qui se donnent pour que les choses se mettent à rouler », a-t-il ajouté. 

« On ne fait pas fonctionner notre équipement qu'on a payé lourdement. On préfère créer une situation d'engorgement pour que les gens aillent payer [des frais] au privé, parce qu'ils sont mal pris. C'est scandaleux », a déploré de son côté Amir Khadir, député de Québec solidaire.

Gaétan Barrette renvoie la balle aux gestionnaires

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, renvoie la balle aux gestionnaires des établissements. « Moi, je donne des orientations et ce sont les administrations locales qui gèrent leurs choses. J'ai été surpris d'apprendre la sous-utilisation de certains appareils dans le réseau alors que je demande à ce que ces appareils soient utilisés à leur pleine capacité. C'est le gros bon sens. Je vais réitérer le message », a-t-il affirmé lors d'une mêlée de presse.

Le ministre soutient avoir dépensé davantage que ce qu'il avait annoncé au départ pour hausser le nombre d'examens. Ces investissements étaient « accompagnés de la directive d'utiliser du temps de machine supplémentaire lorsque c'était possible, donc lorsque le personnel était disponible ». « Je travaille actuellement pour augmenter encore ces investissements », a-t-il indiqué.- Avec Tommy Chouinard