Santé Canada procède à la révision du Guide alimentaire canadien et vient de prolonger sa période de consultations publiques. Son document d'orientation dévoilé le mois dernier, qui devrait fortement inspirer le prochain Guide, inquiète déjà les Producteurs laitiers du Canada.

« Nous avons beaucoup d'inquiétudes par rapport à certains principes directeurs, confie la nutritionniste Isabelle Neiderer, porte-parole des Producteurs laitiers du Canada. Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a beaucoup d'insistance sur la prévention des maladies cardiovasculaires et du cancer, et c'est très bien, mais il n'y en a pas assez sur la prévention de l'ostéoporose ou sur la santé des os. »

Pour mener son « examen des données probantes », première étape de la révision du Guide, Santé Canada a éliminé les études financées par l'industrie alimentaire ou par des groupes représentant les agriculteurs. Les Producteurs laitiers du Canada et l'industrie laitière contribuent généreusement à la recherche en nutrition au pays.



PHOTO ALAIN ROBERGE, Archives LA PRESSE

Les producteurs laitiers du pays sont inquiets à cause du document d'orientation dévoilé le mois dernier par Santé Canada à propos du futur Guide alimentaire canadien.

UN GUIDE PLUS VÉGÉTAL

Le mois dernier, Santé Canada a dévoilé un document qui révélait les orientations du futur Guide alimentaire et qui est au coeur des consultations publiques qui se déroulent actuellement. L'une des recommandations est de consommer régulièrement des légumes, des fruits, des grains entiers et des aliments riches en protéines, surtout en protéines d'origine végétale. « Une augmentation de la consommation d'aliments d'origine végétale peut aider les Canadiens à remplacer les aliments qui contiennent des lipides saturés (crème, fromages riches en matières grasses, beurre) par des aliments qui contiennent surtout des lipides insaturés (noix, graines, avocat) », dit le document.

En plus de vanter les bienfaits nutritifs d'une alimentation plus végétale, on ajoute que « moins d'aliments d'origine animale sont associés à un impact moins négatif sur l'environnement ».

Fait peu rassurant pour les producteurs de lait, dont la consommation est en baisse, Santé Canada plaide également que « l'eau naturelle est la boisson de premier choix ».

Le Guide alimentaire canadien est un document influent dont les recommandations sont suivies dans les cuisines des institutions publiques du pays, notamment. Pas étonnant que son contenu soit si important pour l'industrie alimentaire et que sa refonte fasse l'objet de suppositions. L'une d'elles : la possible élimination d'un ou de tous les groupes alimentaires.

UNE CONSULTATION PLUS LONGUE

Autre nouveauté : aucun dirigeant de Santé Canada ne pourra rencontrer des lobbyistes représentant l'industrie alimentaire durant la révision du Guide alimentaire. Même directive pour tous les employés du Ministère impliqués dans la refonte du document, dont les premiers morceaux devraient être présentés dès le début de 2018.

Santé Canada a prolongé jusqu'au 14 août la deuxième étape de sa consultation publique sur la refonte du Guide. « La consultation a reçu un énorme soutien à ce jour. Une prolongation donnera plus de temps aux Canadiens et aux organisations pour fournir leurs commentaires », explique Rebecca Purdy, porte-parole du ministère. La première phase de consultation a mené à des commentaires émanant de 20 000 individus ou groupes d'intérêt.

Que disent les diététistes ?

« En général, nous sommes ravies que Santé Canada propose des principes concernant comment manger et non seulement quoi manger. De plus, nous sommes contentes de voir l'accent mis sur l'environnement et les protéines de source végétale, comme les légumineuses », estime Kate Comeau, diététiste et porte-parole des Diététistes du Canada. Après avoir sondé ses membres, l'association s'apprête à participer à la consultation publique. « Santé Canada est en train d'analyser différents modèles alimentaires et de les comparer à l'apport actuel des Canadiens qui a été mesuré en 2015, poursuit Kate Comeau. Avec ces données, on aura une meilleure idée du rôle que les produits laitiers jouent dans l'alimentation des Canadiens. Il est possible que Santé Canada opte pour des recommandations spécifiques pour ceux qui préfèrent un régime végétalien [sans produits laitiers] et aient d'autres recommandations qui incluent les produits laitiers. Les deux pourraient être valables. »