Plus de 60% des psychologues, physiothérapeutes, travailleurs sociaux et autres professionnels et techniciens de la santé estiment être «constamment ou fréquemment en surcharge de travail», révèle un sondage de la Confédération des syndicats nationaux (CSN), obtenu par La Presse.

«On se doutait que nos membres étaient surchargés. Mais on ne pensait pas que la crise serait si grande», affirme la vice-présidente de la Fédération des professionnèles de la CSN, Nancy Corriveau.

Pour 81% des 1000 professionnels sondés par la CSN, la principale conséquence des récentes compressions en santé a été une surcharge de travail importante. «Le plus grand problème est que les absences à court ou à long terme ne sont plus remplacées. Ça fait moins de monde pour offrir les services. On demande de plus en plus aux gens de faire plus avec moins. Mais il y a une limite à faire ça», note Mme Corriveau.

Les professionnels de la santé estiment aussi que les compressions ont causé une augmentation des délais d'attente pour les patients (70%) et une réduction de l'accès aux services (70%). «Le ministre [de la Santé, Gaétan Barrette] a dit ce printemps que les compressions de cette année doivent être les dernières sous peine de voir des coupures de services en santé. Eh bien, sur le terrain, on sait que les coupures de services sont déjà là», affirme Mme Corriveau.

Le principal intéressé affirme au contraire qu'aucune réduction de services n'a été faite dans le réseau. «Oui, il y a eu une réorganisation du réseau. Mais les services n'ont pas été atteints», assure le ministre Barrette.

Impact sur la santé

Par ailleurs, les plus récentes données de la Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail montrent que le secteur de la santé et des services sociaux est maintenant «le plus risqué», a révélé la CSN hier.

Le nombre de réclamations d'accidents de travail dans le milieu de la santé est passé de 16,4% en 2009 à 18,3% en 2014, et les travailleurs de la santé sont maintenant le groupe le plus représenté. Les troubles musculo-squelettiques et les chutes sont les principales causes d'accidents du travail, alors que les lésions psychologiques augmentent aussi de manière inquiétante, affirme la CSN. «Ce n'est pas avec du personnel de plus en plus malade que nous parviendrons à bien soigner la population», affirme le vice-président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Guy Laurion, qui y voit une «preuve claire de l'impact des compressions budgétaires et des ratés de la réforme Barrette».

Le ministre affirme quant à lui que tout changement «augmente le stress et l'inquiétude» du personnel. «Dans toutes les transformations du réseau vécues à travers les années, il y a toujours eu une période où l'absentéisme a augmenté. On le voit encore aujourd'hui. Mais selon la tendance, tout revient ensuite à la normale», souligne le ministre, qui prévoit que le même redressement sera observé sous peu.