Le Regroupement provincial des comités des usagers (RPCU) dit craindre que des patients en fin de vie subissent des pressions pour les dissuader d'avoir recours à l'aide médicale à mourir.

Pour assurer que le traitement des demandes respecte les droits des patients, le gouvernement du Québec doit soumettre des directives plus claires sur la Loi concernant les soins de fin de vie, estime le RPCU.

Selon des données compilées par Radio-Canada et Le Devoir, un peu plus de 250 Québécois ont demandé l'aide médicale à mourir depuis l'entrée en vigueur de la Loi concernant les soins de fin de vie, il y a six mois. Or, seules 166 de ces demandes auraient été accordées.

Étant donné le droit à l'objection de conscience des médecins inscrit dans la loi, le RPCU se demande si des travailleurs sociaux et des psychologues ne seraient pas plus aptes à informer correctement les personnes en fin de vie sur l'aide médicale à mourir.

«Il faut qu'il y ait du personnel formé à cette fin-là, a fait valoir en entrevue le directeur général du RPCU, Pierre Blain. Pour moi, les travailleurs sociaux, les psychologues dans certains cas, sont peut-être plus aptes à informer correctement les personnes (sur l'aide médicale à mourir). Alors pour moi, si on était capable d'avoir dans les établissements une personne qui est justement dédiée principalement à cela, et que les personnes en fin de vie qui voudraient avoir accès demandent de faire appel à cette personne-là, je crois que ce serait déjà un net avantage.»

Concernant cette suggestion, le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a simplement affirmé que «la responsabilité revenait aux institutions de mettre en place les équipes nécessaires pour offrir adéquatement l'aide médicale à mourir», selon le courriel envoyé par son attachée de presse, Julie White.

Plus tôt mercredi, en mêlée de presse, M. Barrette avait dit croire qu'un médecin «a le droit de ne pas avoir à se justifier et de dire »non«».

«Ce qui est important est que l'organisation offre le service, et au moment où on se parle, c'est partout comme ça, incluant à McGill», a laissé tomber le ministre, en faisant référence à la révision de la politique du Centre universitaire de santé McGill (CUSM).

La politique du CUSM fait en sorte que l'aide médicale à mourir n'est pas pratiquée dans l'unité de soins palliatifs «à moins de circonstances exceptionnelles», mais plutôt dans d'autres unités du grand hôpital anglophone montréalais.

Un autre élément de la politique du CUSM décrié par M. Barrette était l'exigence, pour les patients demandant l'aide médicale à mourir, d'avoir été admis dans l'établissement «dans les 18 mois précédant la demande pour la même condition médicale motivant la demande d'aide médicale à mourir».

M. Barrette a indiqué, mercredi, avoir eu la garantie du président-directeur général du CUSM que ces «mesures obstructives étaient levées au complet» dès maintenant, et qu'il ne restait que la «sanction» lors d'une prochaine réunion du conseil d'administration «dans deux semaines».

Le RPCU presse tout de même le gouvernement d'inclure des «directives plus claires» et d'apporter des correctifs pour évaluer le traitement des demandes refusées.

L'organisme qui représente les patients du réseau de la santé souligne que la loi ne «prévoit aucune disposition visant à évaluer le respect des droits des usagers dans les cas où une demande d'aide médicale à mourir est refusée ou écartée».

«Il ne s'agit pas nécessairement de changements à la loi. Je pense que les directives doivent être plus claires et qu'on puisse avoir justement une personne désignée à l'intérieur qui pourrait, elle, s'occuper de ces demandes et ensuite les assigner à des médecins. Ça éviterait de mettre en jeu les convictions de chacune des personnes. Au Regroupement, on respecte le droit d'un médecin de ne pas vouloir l'administrer», a soutenu M. Blain.