Même si un patient est décédé sans avoir pu être opéré pour une rupture d'un anévrisme de l'aorte à l'hôpital Ste-Marys, le Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l'Ouest-de-l'Île de Montréal défend sa décision de ne plus offrir ce type de chirurgie dans cet établissement et assure qu'il ne s'agit pas du résultat des compressions dans le réseau.

«En aucun temps, l'organisation ne mettra en péril la vie d'un usager pour des raisons administratives ou budgétaires», est-il écrit dans un communiqué qui vient d'être publié par le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île, qui qualifie le décès de «malheureux».

Décès en novembre

Ce matin, le quotidien The Gazette révélait que le 2 novembre, un patient souffrant de douleurs abdominales s'est présenté de lui-même aux urgences de l'hôpital Ste-Marys où on lui a diagnostiqué une rupture d'anévrisme de l'aorte. Mais l'homme n'a pu être opéré sur place.

Car depuis la fusion des établissements de santé opérée en 2015 par Québec, la nouvelle administration du CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île de Montréal a mis un terme aux chirurgies pour anévrisme de l'aorte à l'hôpital Ste-Marys. Cette décision a été prise «pour assurer la qualité et la sécurité des soins», affirme le CIUSSS.

Les patients ayant besoin de ces services sont maintenant transférés au Centre universitaire de santé McGill (CUSM), comme ce fut le cas avec le patient du 2 novembre. Le patient en question, âgé d'environ 75 ans, est décédé avant d'être opéré au CUSM.

Dans les jours suivant le drame, quelque 128 cliniciens de l'hôpital Ste-Marys ont envoyé une lettre au CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île de Montréal pour dénoncer la décision de ne plus réaliser ce type d'opération, écrit The Gazette.

Dans son communiqué, le CIUSSS de l'Ouest-de-l'Île rappelle qu'un seul chirurgien réalisait chaque année une poignée de chirurgies de rupture d'anévrisme de l'aorte à l'hôpital Ste-Marys. Cette situation, « posait des risques de rupture de service » et ne permettait pas de «maintenir les hauts standards de qualité que l'on peut retrouver dans les hôpitaux universitaires ».

Chirurgien vasculaire au Centre de santé et de services sociaux de Gatineau, le Dr Patrice Nault confirme qu'il est essentiel de regrouper les services de chirurgies de rupture d'anévrisme de l'aorte dans certains centres spécialisés.

Dans une étude publiée en octobre dans le Journal of vascular surgery, le Dr Nault a montré que le taux de mortalité des patients subissant une rupture d'anévrisme, qui est en moyenne de 35,5%, passe à seulement 17,9% lorsque réalisé dans un centre ayant accès à des technologies de pointe. «La différence est significative. Le décès survenu à l'hôpital Ste-Marys est malheureux.

Mais la science montre qu'il est préférable de regrouper les services», dit le Dr Nault, qui recommande que le nombre de centres réalisant ces opérations passe de 39 à 14 au Québec.