C'est plutôt rare, mais toujours possible. Rien n'aurait pu être fait pour remédier à l'inefficacité de la dernière campagne de vaccination contre l'influenza, estime le directeur général de la Santé publique, le Dr Horacio Arruda.

En conséquence, davantage de patients, pour la plupart âgés, risquent de succomber à des complications de la grippe. Normalement, on estime que la saison entraîne 15 000 hospitalisations, et quelque 300 morts seraient dues aux complications de la grippe. «Cette année, je pense qu'il y en a beaucoup plus que ça. Il y a beaucoup d'éclosions dans les centres d'accueil», observe-t-il. Il faudra compenser par d'autres mesures, multiplier les lavages de mains et les mesures de prévention dans les centres d'accueil.

En marge de la commission parlementaire sur son projet de loi 10, le ministre Gaétan Barrette explique que l'on observe en laboratoire les souches de virus, mais que leur évolution est le fruit du hasard. Si les souches administrées correspondent parfaitement aux souches en circulation au moment de la saison grippale, l'efficacité du vaccin est théoriquement parfaite. «Si ce qu'on fait n'est pas synchronisé avec la nature, on a un vaccin qui ne marche pas!», résume le ministre Barrette.

La dernière campagne aura coûté 13 millions. Or, son efficacité est quasi nulle. Proche de ces questions depuis plus de 20 ans, M. Arruda reconnaît ne pas se souvenir d'un taux aussi bas. Normalement, les campagnes atteignent de 50 à 70% d'efficacité. «C'est la première fois en dix ans qu'on a une efficacité aussi faible», explique-t-il, rappelant que l'évaluation des effets a beaucoup gagné en précision depuis 2007. 

À la fin de décembre, on a commencé à comprendre que le vaccin distribué n'aurait pas l'effet escompté, mais il pourrait se révéler utile pour contrer une nouvelle souche du virus de la grippe susceptible de circuler dès cet hiver.

L'effet du hasard

Le risque de concevoir un vaccin sans effet sur le virus de la grippe a toujours existé, puisque le hasard joue un rôle important. On commence à identifier les souches de la grippe en février, pour préparer les vaccins qui seront administrés neuf mois plus tard. L'Organisation mondiale de la santé recueille alors les souches en circulation, surtout dans l'hémisphère Sud. On sélectionne quatre sources de vaccins et on observe les changements génétiques de ces virus. Le H1N1 de l'an dernier a pu être contré grâce à un vaccin présentant un taux élevé d'efficacité.

Cette fois, l'apparition du H3N2 était prévue, mais le vaccin n'a pu suivre ses mutations. Il est permis de penser qu'il sera possible de raccourcir la période de la fabrication des vaccins.