Un grand nombre de familles ont pris part à une manifestation visant à exprimer leur attachement au programme gouvernemental de procréation assistée, samedi après-midi, à Montréal.

Les participants ont dit souhaiter que le gouvernement Couillard fasse marche arrière et qu'il maintienne l'universalité du programme.

En novembre, le gouvernement de Philippe Couillard a resserré les règles entourant la gratuité des services de procréation assistée.

La gratuité demeure cependant pour les couples dont la fertilité est compromise en raison d'un traitement de chimiothérapie, par exemple, ou encore lors d'une insémination artificielle effectuée par un médecin. Pour tous les autres services, dont la fécondation in vitro, Québec donnera désormais un crédit d'impôt variant selon les revenus. Cette mesure touche autant les couples homosexuels qu'hétérosexuels.

Après la marche, des photos des enfants nées grâce au programme québécois de procréation assistée ont été collées à une bannière.

«C'est au-delà de toutes espérances. On est très nombreux, et beaucoup de femmes fertiles aussi sont venues marcher. C'est beau de voir la solidarité ici», a exprimé l'animatrice de télévision Julie Snyder, elle qui s'est battue pendant plusieurs années afin d'obtenir ce programme.

Mme Snyder prédit que ce sont les femmes de la classe moyenne qui écoperont le plus de ces nouvelles mesures.

«On est pour le fait qu'il y ait des balises. Il y a des dérives dans tous les programmes, il y a eu des scandales dans les cliniques de radiographie privées, est-ce qu'à cause de ça, on cesse de faire des rayons X au Québec? La réponse, c'est non», a fait valoir l'animatrice en entrevue téléphonique.

Déplorant que le ministre parle d'«abus», elle a rappelé qu'il s'agit de procédures très douloureuses. «Ce n'est pas un blanchiment des dents. On ne va pas au salon de bronzage», a-t-elle lancé.

«La fécondation in vitro ne sera plus couverte par la RAMQ, ce qui fait que les femmes qui sont en mesure de payer vont pouvoir se payer des traitements. Moi je me bats pour que les femmes de la classe moyenne aient accès aux traitements», a exposé Mme Snyder.

Les organisateurs ont ajouté, par voie de communiqué, que ce programme a permis d'augmenter le taux de natalité du Québec. Dans le contexte actuel où la population est vieillissante, chaque naissance compte, selon eux.

«Ce n'est pas un programme qui a été fait pour être un programme de peuplement du Québec, a rétorqué en entrevue le ministre de la Santé, Gaétan Barrette. C'est un programme d'accès à une procédure médicale que l'on balise maintenant à la recommandation du Commissaire à la santé et au bien-être qui a fait une étude exhaustive sur le sujet.»

M. Barrette a voulu se faire rassurant. Il a rappelé que le programme demeurait accessible à tous.

«Pour ce qui est du financement, il existe pour les gens qui n'ont pas les moyens. L'impact sera marginal», a-t-il soutenu.

Il a invité les gens à venir se faire entendre en commission parlementaire à l'hiver.

Le projet de loi 20 pourrait être modifié avant d'être adopté l'an prochain.

«Il y aura une commission parlementaire où les voix pourront s'exprimer, et ces commissions servent à faire des ajustements lorsque certains commentaires et critiques sont exprimés sur des bases fondées», a dit le ministre.