Pour contrer l'épidémie d'obésité, un conseiller municipal montréalais, Marvin Rotrand, interpelle le ministre de la Santé Gaétan Barrette : les chaînes de restauration rapide doivent obligatoirement afficher le nombre de calories et la teneur en sel de leurs aliments.

En croisade depuis des années contre la malbouffe, le conseiller de Coalition Montréal estime que la publication de dépliants sur les informations nutritionnelles, comme le font des chaînes comme McDonald et Subway, n'est pas suffisante.

«La grande majorité des clients ne savent pas que ça existe, a-t-il précisé en point de presse ce matin à l'hôtel de ville. Nous ne voulons pas dire aux gens quoi manger, mais nous pensons que l'information disponible influencera leur comportement.»

L'information doit être visible à l'endroit où le client passe sa commande, estime-t-il. Après avoir consulté les responsables de plusieurs chaînes, le conseiller de Côte-des-Neiges-Notre-Dame-de-Grâce a retenu l'argument qu'une obligation de l'affichage des informations nutritionnelles devait se faire à l'échelle de la province, plutôt que des municipalités. Au lieu de faire voter une motion en ce sens au conseil municipal la semaine prochaine, comme il en a l'habitude, il a plutôt envoyé une lettre au ministre Barrette demandant son intervention.

50 000 décès chaque année

Présent à la conférence de presse, Bill Jeffery, coordonnateur du Centre pour la science dans l'intérêt public, un organisme canadien spécialisé en nutrition, confirme qu'il s'agit d'un problème de santé publique qui dépasse les compétences locales.

La mauvaise alimentation serait responsable de quelque 50 000 décès chaque année au pays. Le consommateur canadien moyen consomme deux fois plus de sel que ce qui est recommandé, ce qui expliquerait plus de 16 000 de ces décès. La moitié de l'apport en calories des Canadiens, selon diverses études, provient des restaurants.

«Les efforts pour convaincre l'industrie d'afficher volontairement les informations sur leurs aliments ne fonctionnent pas, estime-t-il. Des études montrent que très peu de consommateurs demandent cette information, à peine 0,1%, mais les bienfaits de l'affichage sont démontrés.»

Aux États-Unis, indique-t-il, 18 États ont légiféré pour forcer cet affichage. L'Ontario pourrait être bientôt la première province canadienne à leur emboîter le pas. Au Québec, assure Marvin Rotrand, les responsables de chaînes alimentaires qu'il a contactés se sont montrés ouverts à cet affichage, qui ne concernerait que le nombre de calories et l'apport en sel.

«La plupart des consommateurs n'ont pas un diplôme scientifique : ils ne doivent pas être noyés sous un flot d'informations, et les principales sont les calories et le sel, explique le vétéran de la scène municipale montréalaise. Ce ne sera pas un fardeau financier excessif pour ces chaînes.»

C'est en tenant compte de ce dernier argument qu'il ne demande pas que les plus petits commerces soient assujettis à la même obligation.