Le CHSLD de l'Institut universitaire de gériatrie de Montréal, qui traite les cas les plus lourds au Québec, supprimera l'automne prochain 20 postes d'infirmières à temps plein, son équipe de 9 remplaçantes et 4 postes occupés par des infirmières françaises en stage d'échange. La sécurité des patients risque d'être compromise, craint le syndicat des infirmières.

«L'Institut, c'est un bijou, un haut lieu de savoir en gériatrie qui sert de leader dans les façons de prodiguer les soins qui sont par la suite implantés le reste de la province. C'est vraiment dommage de réduire la qualité des soins pour laquelle nous sommes réputés», a déclaré le président du syndicat, Benoit Piché. «Au début des années 2000, ajoute-t-il, il y avait 6 infirmières pour 50 patients sur le quart de travail de jour. Après cette dernière restructuration, nous passerons de deux infirmières à une seule. Il y a des limites à couper.»

«Des ratios épeurants»

Le CHSLD de l'Institut universitaire de gériatrie compte actuellement 113 infirmières. Il héberge 225 patients. À partir de novembre, il n'y aura qu'une seule infirmière la nuit pour s'occuper de ces 225 patients, alors qu'il y en avait deux auparavant.

«Ce sont des ratios épeurants considérant qu'en tout temps, nous avons des patients qui sont traités en soins critiques», affirme M. Piché.

Les travailleuses remerciées seront remplacées par neuf préposés aux bénéficiaires et quatre infirmières auxiliaires. Ces dernières ont une rémunération beaucoup moindre, car elles possèdent une formation technique plutôt qu'un bac universitaire ou un diplôme collégial. Leur champ de pratique est aussi beaucoup plus limité. Quant aux préposés aux bénéficiaires, ils prodiguent des soins d'hygiène et de confort.

Ève Blais, porte-parole de l'Institut, explique que les plaintes des usagers et de leurs familles concernaient surtout le manque de préposés pour prodiguer des soins d'hygiène; c'est pourquoi leur nombre sera augmenté.

Deux sources ont par ailleurs indiqué à La Presse que la direction a demandé aux médecins de «passer moins souvent sur les étages», ce que Mme Blais a nié.

C'est l'agence de la santé de Montréal qui a demandé à l'Institut de retrancher plus de 2,4 millions de dollars de ses dépenses. Cet effort  d'optimisation» (qui touche tous les établissements de santé du Québec) est demandé par le gouvernement du Québec, qui vise à retrouver l'équilibre budgétaire.

«Moins d'infirmières, ça veut dire qu'il y a moins d'effectifs pour installer des cathéters, ou pour faire des pansements et des perfusions intraveineuses. Si on ne peut pas donner ces soins, ça va refouler ailleurs dans le système, on va devoir les envoyer à l'hôpital où ils vont se ramasser dans les couloirs de l'urgence où ils vont être misérables», affirme M. Piché.