Prudence dans les boisés québécois cette année: les tiques portant la maladie de Lyme sont de plus en plus nombreuses dans la province, en particulier en Montérégie.

À quelques jours du dévoilement du bulletin qu'il prépare pour le ministère de la Santé au sujet de la maladie de Lyme, le docteur François Milord rapporte que les cas rapportés en Montérégie sont passés de 10, de 2004 à 2011, à 13 en 2012 seulement. Au Québec, 15 cas avaient été dénombrés de 2004 à 2011. En 2012, ce chiffre est passé à 17. Au pays, la maladie de Lyme est devenue une maladie à déclaration obligatoire en 2009. À l'international, des milliers de personnes l'ont contractée, notamment aux États-Unis et en Australie. Aujourd'hui, tous auront les yeux tournés vers la tour du CN, à Toronto, ou encore vers le Federation Square, à Melbourne, car ils feront partie des lieux publics illuminés en vert lime pour souligner le mois de sensibilisation à la maladie.

Jusqu'à la paralysie

Transportées par les animaux, qui font fi de la frontière canado-américaine, et prolifiques grâce au réchauffement climatique, les tiques infectées à la bactérie Borrelia burgdorferi, qui cause la maladie de Lyme, transmettent l'infection aux humains en les piquant. Ses symptômes sont nombreux et complexes, allant d'une rougeur accompagnée de fièvre à la paralysie, dans les cas les plus sévères. La bonne nouvelle, c'est que l'infection n'est pas automatique. «Mieux vaut s'examiner après une randonnée et retirer la tique le plus rapidement possible, recommande François Milord, qui est également médecin-conseil pour l'Institut national de santé publique du Québec. Les recherches montrent qu'une tique infectée prendra de 36 à 48 heures pour transmettre la bactérie, donc si elle est retirée la même journée, il n'y aura pas de transmission.»

Autrement, vivre avec la maladie peut être cauchemardesque, selon Caroline Carrier, qui a dépensé 80 000$ en traitements aux États-Unis depuis qu'elle et ses enfants ont été piqués par une tique infectée, en 2006, à Mont-Saint-Hilaire.

Elle a d'abord cru à une grippe; on lui a ensuite diagnostiqué une labyrinthite. Puis, on a soupçonné la sclérose en plaques, jusqu'à ce que des problèmes neurologiques, cardiaques et articulaires la mènent à l'hôpital, où un traitement aux antibiotiques a fini par la soulager... pour trois jours.

Puisqu'elle affirme avoir été balancée entre des bureaux d'infectiologues, de physiothérapeutes et de microbiologistes qui peinaient à mettre fin à ses maux, Caroline Carrier a fini par se rendre au Vermont, où un médecin l'a traitée pendant trois ans.

«On m'a fait des prises de sang pour la maladie de Lyme et ses co-infections, et ils sont revenus positifs. Mais ces tests-là ne sont pas reconnus au Canada, relate-t-elle. Mon médecin m'a dit que c'est devenu chronique, car la maladie est restée non traitée pendant trop longtemps.»

Un traitement marginal

Pour Caroline Carrier, il ne fait donc aucun doute: le Canada doit adhérer aux traitements suggérés par la Société internationale de Lyme et d'autres infections, l'ILADS, qui prône notamment l'utilisation d'antibiotiques jusqu'à la disparition des symptômes.

Le hic, cependant, c'est que ce traitement demeure marginal, car il diffère de la ligne de conduite de grands organismes de maladies infectieuses comme la Société des maladies infectieuses de l'Amérique, l'IDSA.

«Il y a un débat entre un groupe de médecins majoritaire et un groupe minoritaire, reconnaît François Milord. Malheureusement, nous ne sommes pas dans une position pour débattre de la supériorité d'un traitement, parce qu'on n'en a pas assez ici. Le débat devra se faire aux États-Unis.»