Au septième jour du procès pour harcèlement des radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, le dossier des erreurs du Dr Gaétan Barrette a été au premier plan.

Un ex-gestionnaire de l'hôpital a soutenu devant le juge qu'un médecin, le Dr Stéphane Carignan, lui a déjà dit qu'il révisait toutes les lectures radiographiques du Dr Barrette.

Cette conversation aurait eu lieu dans le bureau du Dr Carignan, en avril 2010. «Il m'a dit qu'il trouvait les autres passifs dans le conflit, qu'il avait trouvé une façon de coincer Gaétan parce que Gaétan faisait en masse d'erreurs de diagnostic», a raconté Éric Rousseau.

Le Dr Carignan lui aurait également dit qu'il «avait déjà trouvé plein d'erreurs et qu'il allait lui monter un dossier d'incompétence à ce gros câlisse-là». Éric Rousseau soutient être allé au bureau du chef du service de radiologie d'alors, le Dr Robert Filion, pour l'aviser de la situation. À l'époque, M. Rousseau était directeur adjoint de la SORAD, société de partage de revenus des radiologistes de l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.

M. Rousseau corrobore ainsi la prétention de la conjointe du Dr Barrette, la Dre Marie-Josée Berthiaume. Dans sa poursuite contre 12 autres radiologistes, elle soutient que le Dr Carignan a «accédé à des milliers de dossiers» et «constitué un dossier d'enquête» sur son conjoint dans le but de l'affecter elle-même et de l'isoler encore plus du groupe. Rappelons que, en juin dernier, l'ex-journaliste de La Presse André Noël a révélé l'existence de ce dossier de 33 erreurs présumées envoyé au Collège des médecins.

Plus tôt dans le procès, le Dr Carignan a affirmé qu'il n'avait pas systématiquement passé en revue les rapports du Dr Barrette, mais qu'il avait plutôt constaté les présumées erreurs lorsqu'il a dû faire un suivi des mêmes patients ultérieurement. Il a également nié être la source d'André Noël.

Crédibilité attaquée

L'avocat du groupe de radiologistes, Me Éric Lefebvre, a tenté de miner la crédibilité d'Éric Rousseau. Ce dernier a notamment admis que le Dr Barrette lui a fourni des références positives lorsqu'il a postulé au réseau Radiologix et qu'il lui a déjà rappelé que c'est grâce à lui qu'il a obtenu le poste.

Éric Rousseau devait d'abord témoigner à la demande des 12 radiologistes, mais Me Lefebvre l'a décommandé à la dernière minute. Mercredi, l'avocat de la Dre Berthiaume, Me Jacques Jeansonne, a demandé à la cour de lui envoyer une citation à comparaître pour qu'il vienne quand même.

Me Éric Lefebvre a tout de même profité de sa présence pour lui poser quelques questions sur le couple Berthiaume-Barrette. «Avez-vous souvenir, M. Rousseau, d'avoir dit ou écrit des Drs Barrette et Berthiaume qu'ils utilisent un langage ordurier à l'endroit de leurs coassociés, de leurs employés, et en général avec tout individu qui ne partage pas leur point de vue?», a demandé Me Lefebvre. «C'est exact», lui a répondu Éric Rousseau.

Un ex-journaliste témoigne

Par ailleurs, l'avocat de la Dre Berthiaume a questionné hier l'ex-journaliste André Noël, maintenant enquêteur à la commission Charbonneau. Me Jeansonne a tenté de savoir si les sources qui lui ont fourni l'information dans le dossier des erreurs présumées du Dr Barrette sont des radiologistes impliqués dans le litige.

André Noël a refusé de répondre aux questions touchant l'identité de ses sources. Le juge Marc-André Blanchard pourrait le contraindre à y répondre. Il a entendu hier les plaidoiries de Me Jeansonne et de l'avocat de La Presse à ce sujet et doit rendre sa décision ce matin.

Le procès, qui devait durer huit jours, sera prolongé si la décision du juge sur la protection des sources journalistiques est portée en appel par l'une ou l'autre des parties.