Lorsque le milliardaire montréalais Stephen A. Jarislowsky a décidé de financer un projet-pilote destiné à réduire les délais de traitement du cancer du poumon, il voulait avant tout prouver que la réussite du système de santé québécois passe par une meilleure coordination des soins. Ce n'était pas, précise le philantrope, par «altruisme».

«Les hôpitaux sont pour la plupart mal organisés à Montréal», lance l'homme de 86 ans, à la tête d'une importante firme de placements. «Mon idée, c'est de mettre sur la table un exemple de quelque chose de plutôt simple qui pourrait apporter des économies pour le gouvernement et, de façon plus importante, sauver des vies et réduire l'anxiété des patients», a-t-il expliqué en entrevue avec La Presse.

L'équipe du CUSM est en train de réaliser une étude économique sur le coût et les économies du projet. Elle n'est pas encore terminée, mais déjà, on pense avoir économisé de l'argent grâce à une baisse notable de la fréquentation des urgences par les patients suivis ainsi qu'une occupation plus courte des lits avant le début du traitement.

Stephen A. Jarislowsky possède l'une des plus grandes fortunes de la planète. Il refuse de dire combien il a donné pour la réalisation du projet. «Des centaines de milliers» sur une période de cinq ans, se contente-t-il de dire. À cela s'ajoute une enveloppe de 436 000$ sur cinq ans accordée par l'agence de la santé de Montréal pour l'embauche de deux infirmières cliniciennes.

Il pense que les autres hôpitaux devraient s'inspirer du modèle multidisciplinaire.

«C'est une question d'organisation toute simple.» Or, dit-il, il y a un problème important de gouvernance dans les hôpitaux. «Les hôpitaux devraient être mieux gérés que des entreprises, il ne faut pas jouer avec la vie des gens.»

«J'étais convaincu que ça allait donner des résultats, ajoute-t-il. Mais je n'avais jamais pensé que ça aurait pu mener à autant de succès que celui que l'on a eu. Ça prouve qu'il y a beaucoup à faire dans les hôpitaux pour améliorer le coût et la qualité des soins, affirme-t-il. J'espère que le gouvernement est à l'écoute.»