La Société canadienne du cancer reconnaît avoir augmenté les sommes consacrées à ses efforts de financement, mais dément s'être détournée de sa mission, qui n'est pas réservée uniquement à la recherche.

Il y a 10 ans, la Société investissait 82 millions $ pour la lutte contre le cancer, alors que cette année, ce sont plus de 127 millions $ qui seront versés pour une mission qu'elle définit comme étant «l'éradication du cancer et l'amélioration de la qualité de vie des personnes touchées par le cancer et de leur famille».

Dans un communiqué, la Société soutient que c'est toujours la recherche qui bénéficie de la part la plus importante des fonds. L'an dernier, 48 millions $ ont été alloués à cette priorité. Cela représente, bon an mal an, 40 pour cent des fonds recueillis.

La Société doit défendre ses décisions budgétaires, après une tempête de critiques lui reprochant d'investir plus dans ses activités de financement que dans la recherche.

Selon un reportage télévisé, la part des revenus de la Société dirigée vers les chercheurs a baissé constamment au cours de la dernière décennie. Par contre, l'argent réinvesti dans les collectes de fonds a augmenté de façon importante.

La Société fait valoir que l'argent amassé est aussi consacré à des programmes et services aux Canadiens ainsi qu'à différents dossiers liés au cancer. Elle concède avoir élargi et diversifié ses activités de financement dans l'ensemble du pays, pour poursuivre ses actions. De cette manière, elle dit parvenir à rejoindre davantage de Canadiens et à attirer plus de donateurs.

Fondée en 2001 pour défendre et donner une voix aux personnes touchées par le cancer, la Coalition priorité cancer considère pour sa part que la recherche doit demeurer l'élément central de lutte. Il ne fait pas de doute dans l'esprit de sa vice-présidente, Nathalie Rodrigue, que l'investissement y est fondamental. À son avis, la Société canadienne du cancer devrait peut-être revoir ses priorités et ne pas tenter de multiplier ce qui existe déjà, ailleurs.

«Il y a environ 130 groupes communautaires qui offrent des services aux patients sur le terrain. Les ressources sont déjà là et elles ont besoin de financement, non de duplication de services», a précisé Mme Rodrigue.

Elle s'inquiète également des effets de cette controverse et des doutes qui risquent d'être ainsi semés dans l'esprit des donateurs.

«Nous, ce qui nous fait peur, c'est qu'une situation comme celle-là entraîne une diminution des dons, non seulement pour la Société canadienne du cancer, mais aussi pour plusieurs autres organismes, plus petits, qui ne profitent pas du financement de Centraide», a affirmé Mme Rodrigue.

La Coalition priorité cancer regroupe tant les patients que les survivants, leurs familles et leurs proches désireux de renforcer l'organisation de la lutte contre le cancer.