Les établissements de santé de la métropole sont en colère contre l'agence de la santé et des services sociaux de Montréal (ASSS). Ils l'accusent d'exiger des compressions irréalistes sans consultation, ce qui risque d'entraîner des coupes de service à la population.

«À Montréal, les établissements n'ont pas eu la chance d'avoir des échanges transparents avec l'Agence dans la foulée des compressions demandées par le projet de loi 100. C'est la grande confusion actuellement», témoigne la directrice générale de l'Association québécoise des établissements de santé et de services sociaux (AQESSS), Lise Denis.

 

Le Regroupement mont-réalais des établissements membres de l'AQESSS, qui représente 37 établissements, dont les centres hospitaliers universitaires, les CSSS et les hôpitaux non affiliés, déplore que l'agence de Montréal ait géré «de façon unilatérale» les compressions demandées par le gouvernement.

Le projet de loi 100, adopté sous le bâillon vendredi, demande aux établissements de santé des compressions de 10% dans leurs frais administratifs. À Montréal, il faudra donc retrancher 33,3 des 450 millions de dépenses administratives réalisées chaque année.

Le 8 juin, l'agence de Montréal a fait savoir aux établissements combien chacun d'eux devait retrancher de ses dépenses pour atteindre la cible. «On ne nous a pas consultés! Au lieu de discuter avec nous pour décider comment économiser, l'Agence nous a simplement dit combien, dénonce le directeur général du Regroupement montréalais des établissements membres de l'AQESSS, Alexandre Bourdeau. Il faut faire confiance aux dirigeants des établissements au lieu d'imposer des compressions irréalistes.»

Le président de l'agence de Montréal, David Levine, réplique que, dans les courts délais qu'il avait pour partager le redressement entre les 47 établissements de son territoire, il était impossible de consulter tout le monde.

Au cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, on explique que les directives liées au projet de loi 100 ont été acheminées aux agences dès le mois d'avril. «Les enveloppes budgétaires ont été envoyées au début du mois de juin. C'est ensuite aux agences d'en faire la redistribution», a dit l'attachée de presse du ministre Bolduc, Karine Rivard.

Conscient du fait que certains établissements sont mécontents des compressions demandées, M. Levine en rencontrera une vingtaine dès aujourd'hui et «présentera des scénarios de repartage». «On va tenter de trouver le scénario le plus acceptable. Mais chose certaine, ça ne changera pas de façon significative ce qui est déjà établi, car le partage est surtout calculé par rapport au poids relatif des établissements», précise-t-il.

M. Levine dit chercher le consensus et veut s'assurer que les compressions seront distribuées de façon équitable. Mais il ajoute que «tout redressement demande un effort». Il assure que les compressions ne compromettent pas les services à la population.

Les établissements de Montréal se réuniront quant à eux aujourd'hui en assemblée générale. Ensemble, il voteront une résolution demandant au gouvernement de redéfinir le rôle de l'agence de Montréal. «On veut redonner plus de responsabilités aux établissements», note M. Bourdeau.

Mme Denis assure que les établissements veulent faire leur part pour réduire les dépenses administratives. «Mais partout au Québec, les agences ont discuté avec les établissements pour voir comment appliquer les coupes. À Montréal, les établissements n'ont pas eu la chance de discuter avec l'Agence sur la façon d'atteindre les cibles sans réduire les services», dit-elle.