La gestion des urgences est toujours difficile à Montréal. C'est dans la région qu'on retrouve les pires durées de séjour aux urgences de toute la province.

En moyenne, les malades passent 19h48 aux urgences avant d'obtenir leur congé ou d'être hospitalisés aux étages. C'est tout de même une demi-heure de moins que l'an dernier, s'encourage le président et directeur général de l'Agence de santé et de services sociaux de Montréal, David Levine.

 

«Ça démontre au moins que notre suivi rigoureux garde tout le monde en alerte et ne permet pas une détérioration importante», déclare-t-il.

Trop de personnes se présentent aux urgences en dernier recours. Même les médecins de famille y envoient leurs patients pour qu'ils voient un médecin spécialiste plus rapidement, affirme M. Levine.

Pour remédier au problème, une infirmière-pivot sera nommée dans chaque hôpital. Les médecins des cliniques pourront lui envoyer des patients. Elle les enverra passer les examens nécessaires avant de leur trouver un rendez-vous avec un spécialiste, ajoute le PDG de l'agence.

Facteurs aggravants

La situation de Montréal est particulière, note pour sa part le chef des urgences de l'Hôpital général juif, le Dr Marc Afilalo. Son hôpital, pourtant reconnu pour sa bonne gestion des urgences, a d'ailleurs vu sa durée moyenne de séjour passer de 13h06 il y a quatre ans à 16h16 cette année.

La région compte pas moins de huit hôpitaux universitaires. La clientèle est de plus en plus âgée et malade. Le volume d'ambulances augmente d'année en année, tout comme le nombre de patients couchés sur civière.

Ce sont des facteurs qui accentuent la lourdeur de la tâche dans les urgences, dit le Dr Afilalo. «C'est plus difficile d'année en année. La clientèle est plus lourde, les maladies chroniques et le cancer sont des entités qui prennent de plus en plus de place dans un hôpital et le resserrement des lits occupés par des gens qui ne devraient pas être là est un problème criant.»

Urgences en difficulté

Dans tout le Québec, c'est à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont que le patient passe le plus de temps aux urgences, avec une moyenne de 34h18.

Au cours de sa tournée de 11 des salles des urgences en difficulté, au printemps, le ministre de la Santé, Yves Bolduc, a ciblé l'un des problèmes: l'hôpital manque de lits de courte durée.

«Le projet est en traitement en ce moment et devrait se traduire par l'ouverture d'un certain nombre de lits dans les prochains mois», indique le porte-parole de l'hôpital, Pascal Mailhot. Il souligne du même souffle que les besoins sont croissants. L'hôpital dessert un bassin d'un demi-million de personnes, soit près de 30% de la population de Montréal.

Le temps passé aux urgences est aussi très élevé à l'hôpital Santa Cabrini, avec 29h12 en moyenne. À l'hôpital Notre-Dame et à l'Hôtel-Dieu du CHUM, ce n'est guère mieux. La durée moyenne de séjour y est respectivement de 27h18 et 27h48.

D'année en année, la situation est d'ailleurs toujours très difficile à Notre-Dame, reconnaît le directeur des services professionnels du CHUM, le Dr Charles Bellavance.

«On est bien conscients du problème et il y a bien des choses qu'on a mises de l'avant, mais ça prend du temps. Cela se fait progressivement d'année en année», explique le Dr Bellavance.

L'hôpital Notre-Dame ne dispose pas de la marge de manoeuvre dont il aurait besoin. Dès qu'il manque de lits aux étages, les urgences s'en ressentent. La direction cherche aussi à replacer à l'extérieur de l'hôpital les patients qui occupent un lit de courte durée alors qu'ils ont plutôt besoin d'une place en hébergement ou en soins de longue durée.