L'édifice Vidéotron, exproprié au coût de 28 millions en 2007 par le Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) qui veut y installer son nouveau centre de recherche, pourra finalement être démoli.

Par un décret publié hier dans la Gazette officielle, le gouvernement autorise les consortiums en compétition pour la construction en partenariat public-privé du Centre de recherche du CHUM (CRCHUM) à reconstruire l'édifice Vidéotron, situé au 300, rue Viger Est. Dans l'appel de propositions initial, les soumissionnaires étaient dans l'obligation de seulement rénover cet édifice.

«Après discussion avec les soumissionnaires, on s'est aperçu qu'il était possible de reconstruire l'édifice Vidéotron tout en respectant les budgets et l'échéancier», affirme le porte-parole de l'Agence des partenariats public-privé (PPP), Hugo Delaney.

Le nouveau CRCHUM occupera le quadrilatère formé par les rues Sanguinet, Saint-Denis, Saint-Antoine et l'avenue Viger. L'édifice des Coopérants, situé dans la rue Saint-Antoine, a déjà été démoli. Le consortium qui remportera l'appel de propositions du CRCHUM pourra maintenant en faire autant avec l'édifice Vidéotron.

«Ça sent l'improvisation»

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de santé, Bernard Drainville, a été choqué par la décision du gouvernement de permettre cette démolition, d'autant plus que cette annonce est «faite en douce durant l'été». «Pourquoi a-t-il fallu tout ce temps avant de se rendre compte que la démolition de l'édifice Vidéotron était souhaitable? Ça fait plusieurs années que le projet est en marche, et là, on se rend compte qu'on devrait peut-être le démolir. Ça nous montre encore une fois que le gouvernement ne contrôle pas le dossier du CHUM», dit M. Drainville.

Le cabinet du ministre de la Santé, Yves Bolduc, n'a pas voulu commenter la situation hier, préférant rediriger les questions à l'Agence des PPP. «Nous ne pouvons pas savoir d'avance si le consortium gagnant démolira ou non l'édifice Vidéotron. Mais peu importe, le budget de 320 millions sera respecté, et l'échéancier aussi», assure M. Delaney.

«Est-ce qu'en démolissant l'édifice Vidéotron, on ne vient pas retarder encore une fois une partie du projet du CHUM? Est-ce qu'on ne vient pas aussi de créer de nouveaux dépassements de coûts ? L'Agence des PPP a beau nous rassurer, si le projet du CRCHUM est à l'image du projet du CHUM, il n'y a rien de rassurant. Tout cela ressemble au reste : ça sent l'improvisation», réplique M. Drainville.

La construction du CRCHUM est déjà en retard sur ses échéanciers. La construction devait commencer cet été. Or, les deux consortiums en compétition n'ont pas remis leurs soumissions en mars tel que prévu. Les soumissions devaient être déposées à la mi-juillet. Mais le décret pourrait avoir retardé légèrement l'opération.

Les deux consortiums en lice pour la construction du CRCHUM sont Accès Recherche CHUM (auquel participe la firme Pomerleau) et Axor-Dalkia.

Ce n'est pas le premier décret du gouvernement dans le dossier du CHUM. Un samedi du mois d'avril dernier, le gouvernement avait publié un décret autorisant plusieurs changements au projet du CHUM, sans avoir à passer par un nouveau processus de consultations publiques.