Il n'y aura pas de rencontre au sommet, cet automne, entre Jean Charest, Mario Dumont et Pauline Marois, en vue de jeter les bases d'une stratégie visant à minimiser l'impact de la crise financière américaine sur l'économie du Québec.

Le premier ministre Charest a fermé la porte, samedi, à cette suggestion, lancée la veille par le chef de l'opposition officielle, Mario Dumont.

Pour justifier son refus, M. Charest fait valoir que son gouvernement a déjà pris l'an dernier toutes les mesures nécessaires pour aider le Québec à traverser sans trop de difficultés un éventuel ralentissement économique.

«La lettre de M. Dumont est en retard de 18 mois, a déclaré le premier ministre, lors d'une entrevue à La Presse Canadienne. On n'est pas à l'étape de la planification de ce que le gouvernement doit faire. On est dans l'exécution, littéralement.»

Il cite en exemple les baisses d'impôts d'un milliard pour la classe moyenne, le plan de 30 milliards $ de remise à niveau des infrastructures - deux mesures auxquelles «M. Dumont s'est opposé», précise-t-il - et l'abolition de la taxe sur le capital pour le secteur manufacturier.

«On a vu venir les coups», ajoute-t-il, en précisant que son gouvernement avait l'intention de mener à bien les projets qui sont déjà en chantier, avant de songer à d'autres moyens d'action.

Le premier ministre se dit cependant disposé à rencontrer, séparément, M. Dumont et Mme Marois, pour parler d'économie. Une rencontre est déjà prévue avec la chef péquiste cette semaine pour parler du rapatriement de la maîtrise d'oeuvre en culture.

«Je vais rencontrer Mme Marois. Je parlerai d'économie avec elle, et après ça, je rencontrerai M. Dumont. On va commencer comme ça», a-t-il dit.

S'il ferme la porte à une rencontre à trois sur l'économie, le premier ministre semble moins catégorique, quand on soulève le sujet du déclenchement possible d'élections à court terme.

Ainsi, il n'a pas voulu dire s'il était d'accord avec l'affirmation de Mario Dumont, qui soutenait vendredi qu'en cette période d'incertitude économique la population du Québec ne souhaitait pas aller en élections cet automne.

«M. Dumont a voulu des élections il y a quelques mois seulement. C'est lui qui voulait des élections», a-t-il dit, en répétant que son agenda des prochains mois était «déjà bien chargé. Pour les reste...», a-t-il répondu, sourire en coin, laissant la phrase en suspens.

A la question à savoir s'il s'était fixé une date limite pour décider si oui non il demandait un nouveau mandat à la population dès cet automne, il a répondu: «c'est pas une question de prendre ou de ne pas prendre une décision, mon horaire est bien chargé».

L'entretien de quelques minutes a eu lieu en marge d'une allocution que M. Charest prononçait devant les membres de la Chambre de commerce du Canada et de la Fédération des chambres de commerce du Québec.

Dans une lettre expédiée vendredi au premier ministre et à la chef péquiste, Pauline Marois, M. Dumont disait souhaiter que les chefs des trois partis représentés à l'Assemblée nationale se serrent les coudes, au-delà de toute partisanerie, et se rencontrent, dans les prochaines semaines, pour examiner les moyens à prendre à court terme pour éviter que le Québec sorte trop affaibli d'une crise économique provoquée par les importantes turbulences financières qui secouent les Etats-Unis.

Il disait souhaiter une accélération des projets d'investissements, une baisse de la réglementation et un accroissement des projets hydroélectriques.