À moins d'investir des centaines de millions dans le béton, le Québec n'arrivera pas à absorber la gigantesque vague de détenus qui déferlera bientôt sur le Québec en raison du durcissement des lois criminelles adopté par le gouvernement fédéral de Stephen Harper.

Le ministère de la Sécurité publique prévoit avoir besoin de plus de 1000 places additionnelles par jour dans les établissements de détention de la province, selon un document obtenu en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

Une telle hausse représente des coûts colossaux de 750 millions pour la construction de nouvelles prisons.

Il faudrait aussi créer 900 postes permanents dans la fonction publique et dépenser annuellement 80 millions pour assurer le fonctionnement de ces nouveaux centres de détention.

Certaines analyses sont encore plus pessimistes. Ainsi, une autre projection du Ministère obtenue par La Presse fait état d'un manque possible de 1884 places pour garder tous les détenus de la province en 2020.

Un chiffre astronomique étant donné que le Québec s'appuie actuellement sur un parc de 4600 places et que toutes les prisons sont déjà pleines.

Ces projections se fondent sur une estimation de l'impact de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés (C-10), qui impose des peines plus sévères pour les trafiquants de drogue, les agresseurs sexuels et les jeunes contrevenants violents.

Largement contestée au Québec, la nouvelle loi force notamment les juges à imposer des peines de prison minimales pour certains crimes, comme la possession de plus de cinq plants de cannabis (six mois) et l'agression sexuelle d'une personne de moins de 16 ans (un an).

La construction prévue de quatre prisons à Roberval, Amos, Sorel et Sept-Îles ne réglera pas le problème. En fait, les 368 places que créeront ces prisons ont été prises en compte dans l'analyse du Ministère. Même avec ces nouveaux centres, il manquera encore des centaines de places.

L'an dernier, l'ancien ministre de la Sécurité publique Robert Dutil a écrit à son homologue fédéral, Vic Toews, pour lui exprimer ses inquiétudes. Il a demandé que le pénitencier Leclerc de Laval, qui fermera ses portes en septembre, soit converti en prison provinciale.

Le dossier n'est pas entièrement ficelé. Si tout va comme prévu, il permettra l'ajout de 480 places au parc existant. Mais ce sera encore trop peu pour absorber le flux de détenus appréhendé.

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TAUX D'OCCUPATION ANNUEL

Établissement de détention de Montréal (prison de Bordeaux)

2007-2008: 100%

2008-2009: 102%

2009-2010: 108%

2010-2011: 110%

2011-2012: 110%

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CHIFFRES

L'impact de la Loi sur la sécurité des rues et des communautés (ancien projet de loi C-10) sur les prisons provinciales du Québec:

- Il manquera plus de 1000 places pour loger tous les détenus.

- La construction de nouvelles prisons coûtera 750 millions de dollars.

- Chaque année, il faudra dépenser 80 millions de dollars pour assurer le fonctionnement de ces nouvelles prisons.

- Il faudra aussi créer 900 postes permanents dans la fonction publique.

Source: ministère de la Sécurité publique du Québec