Les dirigeants du réacteur nucléaire de Chalk River annonceront aujourd'hui ce que plusieurs craignaient depuis longtemps: le réacteur demeurera fermé pour les six prochains mois au moins.

Selon des informations obtenues par La Presse, mardi soir, le réacteur, qui a dû cesser ses activités en mai en raison d'une importante fuite d'eau lourde, pourrait même ne pas être remis en état de marche avant deux ans.

Situé non loin d'Ottawa, le réacteur de Chalk River produit environ le tiers de l'approvisionnement mondial d'isotopes médicaux, qui sont nécessaires pour le diagnostic et le traitement du cancer. La centrale produisait en outre environ 80% des isotopes nécessaires pour traiter les Canadiens.

Le président d'Énergie atomique du Canada (EACL), Hugh MacDiarmid, doit préciser les intentions de la société d'État responsable du réacteur nucléaire en conférence de presse aujourd'hui à Toronto. Il doit en principe indiquer qu'il faudra plus de temps pour réparer le fameux réacteur. Au départ, la réouverture de la centrale âgée de 50 ans était prévue en août.

Depuis la fermeture du réacteur, les hôpitaux du pays sont confrontés à une pénurie d'isotopes, forçant les médecins à reporter des traitements. Le gouvernement fédéral travaille depuis des semaines à trouver de nouvelles sources d'approvisionnement, mais la situation demeure difficile.

Depuis quelques semaines, la centrale néerlandaise de Petten a augmenté sa production de 50% pour combler une partie de la demande. Mais le réacteur est aussi vieux et il devra être fermé du 18 juillet au 18 août pour des travaux d'entretien.

Le premier ministre Stephen Harper a fait savoir le mois dernier que le Canada se retirera à un moment donné de l'industrie des isotopes nucléaires.

Le député libéral Geoff Reagan a accusé mardi le gouvernement Harper d'avoir sciemment caché l'ampleur des travaux de réparation nécessaires au réacteur de Chalk River avant le début des vacances d'été.

«Cette affaire soulève de nombreuses questions, notamment quand le gouvernement a-t-il su que le réacteur serait fermé pour le reste de l'année. Cette fermeture prolongée va mettre la santé des Canadiens en péril. Après 20 mois, il est inconcevable que le gouvernement n'ait pas encore un plan B», a affirmé M. Reagan à La Presse.