Le ministre des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, et la ministre de la Coopération internationale, Bev Oda, s'étaient préparés à s'incliner devant l'empereur du Japon, à sa sortie de l'avion, vendredi après-midi, mais à la surprise générale, le 125e détenteur du trône leur a plutôt tendu la main.

La décision de l'empereur Akihito de présenter sa main aux deux ministres témoigne de ses manières modernes, pour lesquelles il est désormais reconnu.

La ministre Oda, qui est de descendance japonaise, s'est également inclinée devant l'empereur, par habitude, tandis que le ministre Cannon, déconcentré par la nervosité, ne se souvenait plus de sa réaction.

Ce n'est en effet pas tous les jours qu'un ministre canadien rencontre un descendant de l'une des plus anciennes monarchies, qui remonte à plus de 2600 ans, et qui, jusqu'à tout récemment, aurait encore été considéré comme un être divin.

Pour des Japonais fidèles aux traditions, l'empereur Akihito, qui était accompagné par son épouse l'impératrice Michiko, demeure un demi-dieu.

Un porte-parole de l'Ambassade du Japon a affirmé que le protocole approprié était de s'incliner, mais qu'il était également convenable de suivre l'initiative de l'empereur.

Les dignitaires n'ont d'ailleurs pas été les seuls à recevoir des consignes à l'approche de la visite du souverain japonais, puisque l'ambassade a également envoyé un avis aux médias, les informant qu'il n'était «pas permis d'interpeller Ses Majestés ni de tendre un microphone vers eux».

L'empereur Akihito n'était pas venu au Canada depuis 1953, lorsqu'il était encore héritier du trône, mais il a prévu rattraper le temps perdu, puisqu'il sera au pays pendant 12 jours pour visiter Ottawa, Toronto, Vancouver et Victoria.

Il rencontrera également la gouverneure générale, Michaëlle Jean, et le premier ministre, Stephen Harper.

La raison officielle de la visite est celle de la commémoration du 80e anniversaire du début des relations diplomatiques entre le Japon et le Canada. Mais le séjour de l'empereur aura une toute autre signification, beaucoup plus importante, pour les quelques 300 000 Canadiens de descendance japonaise qui n'ont jamais eu l'occasion de voir Ses Majestés en personne.

La ministre Oda a par ailleurs reconnu que la relation du Canada avec ses citoyens d'origine japonaise avait connu «un hoquet» pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque ces derniers ont été rassemblés et placés dans des camps d'internement.