Même si elle s'est cachée sous un grand foulard, Yalda Machouf-Khadir, la fille du député Amir Khadir, a fait un passage remarqué au palais de justice de Montréal, ce matin.

Dans un premier temps, une autre jeune femme et elle ont été accusées de méfait, en lien avec l'occupation et le grabuge qui se sont produits au cégep du Vieux-Montréal dans la nuit du 16 au 17 février dernier.

Un peu plus tard, en sortant d'une autre salle d'audience où, avec quatre ou cinq amis, elle était allée soutenir un manifestant détenu, Mme Khadir, 19 ans, s'est couvert la tête d'un grand foulard mauve en voyant qu'une photographe allait la prendre en photo. Mme Khadir et un ami ont ensuite volontairement foncé sur la photographe de presse Chantal Poirier, du Journal de Montréal.

«Hé, on a droit à notre vie privée!», a lancé Mme Khadir à la photographe, qui a rétorqué que le palais de justice est un endroit public. L'homme s'est approché très près de Mme Poirier et a donné un coup sur son appareil photo.

«J'ai reçu la caméra sur le nez. Pour la première fois, j'ai reculé», a raconté Mme Poirier. La photographe et son employeur songeaient à porter plainte, cet après-midi. Il faut dire que les incidents entre certains contestataires plus radicaux et des représentants des médias se sont multipliés dans les dernières semaines.

Notons que Mme Khadir était déjà accusée, avec une vingtaine d'autres personnes, de méfait, de complot et d'entrave aux policiers pour avoir bloqué le pont Jacques-Cartier, la semaine dernière. Par ailleurs, elle a déjà reçu une contravention pour avoir bloqué le pont Champlain le 20 mars dernier, à l'heure de pointe.

En ce qui concerne les nouvelles accusations (pour le cégep du Vieux-Montréal), elle est accusée tardivement parce qu'elle aurait été identifiée tardivement. Aujourd'hui, 29 autres coaccusés en lien avec cet incident étaient de retour devant la Cour du Québec. Ils ont reçu chacun un complément de preuve, qui consiste en une dizaine de DVD. Les 31 accusés doivent retourner devant le tribunal le 20 juillet prochain, afin de fixer une nouvelle date.

Père et fils accusés

En après-midi, quatre hommes détenus depuis la fin de semaine ont été accusés en lien avec les manifestations étudiantes.

Pour la manifestation qui a pratiquement tourné à l'émeute dimanche soir, Christian Fortin, 41 ans, et son fils, Gabriel Baril Fortin, 22 ans, sont accusés de voies de fait sur policiers et d'avoir résisté à leur arrestation. Tony Disalvo, 32 ans, est accusé d'avoir tenté de s'emparer de l'arme d'un policier et de voies de fait à son endroit. Ils ont été libérés sous conditions.

Hugo Lebleu Tadros, âgé de 24 ans, qui se déplace avec une seule béquille et qui est souvent vu dans les manifestations, est quant à lui accusé de voies de fait contre des agents de la paix et de méfait sur une porte. Les incidents reprochés se seraient produits le 20 avril dernier, lors de la violente manifestation qui s'est tenue devant le Palais des congrès. La Couronne s'est opposée à sa mise en liberté, et il doit retourner en cour demain pour l'enquête sur son cautionnement. En repartant vers les quartiers de détention, il a lancé «je vous aime» aux supporteurs qui se trouvaient dans la salle.

«Bonne chance, Hugo», ont répondu des voix.