Le mystère plane toujours sur les causes de l'écrasement d'un Boeing 737 dans le Nord canadien, l'été dernier, qui avait fait 12 morts et 3 blessés. Comme ils n'ont détecté aucun bris mécanique, les enquêteurs du Bureau de la sécurité des transports (BST) tentent maintenant de déterminer si les instruments de bord ont pu faire défaut ou si l'accident est dû à une erreur de pilotage.

Le 20 août dernier, le Boeing de la compagnie First Air s'apprêtait à atterrir à l'aéroport de Resolute Bay quand il a heurté une colline. Il appert que l'appareil, qui volait dans le brouillard, s'était mal aligné et a raté la piste de 1,6 km.

La boîte noire récupérée dans les décombres indique que le pilote, qui s'attendait à voir la piste en sortant du brouillard, a aperçu au dernier moment la colline qui se dressait devant lui. Deux secondes avant l'impact, l'enregistreur de bord a noté que les moteurs avaient été relancés à pleine puissance et qu'on avait tenté de redresser le nez de l'appareil.

L'enquête a établi que le système de guidage au sol fonctionnait normalement. Un autre avion a d'ailleurs atterri 20 minutes après l'accident grâce à ces deux antennes, qui permettent aux pilotes de situer l'emplacement de la piste malgré le brouillard et d'évaluer leur angle d'approche. Une vérification a également été effectuée deux jours après l'accident.

Les enquêteurs s'expliquent donc mal comment le pilote a pu tenter d'atterrir à 1,6 km à droite de la piste. Ils ont commandé des analyses des instruments de bord pour voir s'ils ont pu l'induire en erreur. Il pourrait aussi avoir mal interprété les indications de son tableau de bord, d'où l'hypothèse d'une erreur de pilotage.

Mauvaises conditions météo

Comme la thèse d'un bris mécanique est écartée, les enquêteurs croient que les conditions météorologiques ont pu jouer un rôle majeur dans l'écrasement. Des témoins ont indiqué que, au moment où il est survenu, un épais nuage couvrait le sommet de la colline qui domine la piste d'une soixantaine de mètres. Quelques minutes après l'accident, le brouillard s'est dissipé et ils ont vu la carcasse de l'appareil.

Personne ne semble toutefois avoir entendu l'écrasement parce qu'un important exercice militaire avait lieu en même temps. Les enquêteurs ont d'ailleurs tenté de déterminer si la forte présence militaire a pu causer des interférences sur les instruments ou nuire au travail du pilote. Rien ne permet de le croire, indique Yves Jolicoeur, enquêteur adjoint au BST.

L'écrasement du Boeing 737 avait soulevé d'importantes inquiétudes dans le Nord canadien, où les avions représentent souvent le seul lien avec le reste du pays. Le BST assure que, s'il devait «découvrir un manquement à la sécurité qui présente un risque immédiat pesant sur l'aviation, le Bureau le fera savoir sans attendre».