En juin 2005, quand Lise* a porté plainte à la police après s'être fait frauder par Boulanger, elle était si désorganisée et désorientée que le dossier a été fermé.

«Elle était complètement inapte à porter plainte. Elle s'est retrouvée en psychiatrie à l'hôpital Saint-Luc, puis à Jean-Talon. Il a fallu 40 séances (de thérapie) pour que sa qualité de vie s'améliore suffisamment et qu'elle soit capable de rédiger une déclaration», a indiqué le psychologue Pierre Belzile quand il a témoigné aux plaidoiries sur la peine à infliger à Boulanger. Le psychologue était là pour parler de l'impact que le crime a eu sur sa cliente. Car en plus d'avoir perdu 70 000$ dans l'aventure - une somme qu'elle rembourse encore - Lise a été grandement éprouvée mentalement par cette histoire. Elle a sombré dans la dépression, a des phobies et a perdu confiance en elle au point où, même encore aujourd'hui, elle évite de sortir de chez elle.

M. Belzile évalue que, plus de cinq ans après les faits, Lise est toujours en choc post-traumatique. Malgré des essais, elle n'a pas été en mesure de reprendre son travail de préposée aux bénéficiaires. En s'entretenant brièvement avec Lise, La Presse a pu constater qu'elle est nerveuse et craint d'éventuelles «représailles».

Une autre femme, celle qui a donné 5000$ au faux général Dugal pour une Honda Accord, sort aussi échaudée de cette histoire.

Au-delà de l'argent, c'est un peu de sa joie de vivre et de sa confiance que Boulanger lui a volé. «J'ai toujours été une personne positive aimant la vie, qui faisait confiance. À la suite de cet acte criminel, j'ai dû voir un médecin à cause du stress, de l'angoisse. Je suis toujours sur la défensive», dit-elle. Elle s'en veut par ailleurs d'avoir entraîné son supérieur immédiat dans l'aventure et signale que les relations à son travail ont changé. Elle a connu Boulanger quand sa soeur a commencé à le fréquenter. «Il était bien habillé. Il se promenait en Corvette et en Porsche. Il n'avait pas l'air de ce qu'il est maintenant.»

* Nom fictif