Des dirigeants de la FTQ exigent des explications du président Michel Arsenault, en particulier sur l'affaire Carboneutre.

La Presse a révélé mardi que le patron de la FTQ a rencontré à l'été 2008 des émissaires de cette firme de décontamination montréalaise qui cherchait du financement du Fonds FTQ. Selon notre enquête, Carboneutre est contrôlée par des personnes proches de la mafia. Michel Arsenault nous avait fait savoir dans un courriel qu'il ne les avait pas reçus «sciemment».

«Michel Arsenault a été léger, déplore le vice-président de la FTQ Construction, Mario Basilico. Quand on occupe son poste, on devrait savoir qui l'on reçoit dans son bureau.»

Il se questionne aussi sur le rôle de Jocelyn Dupuis dans ce dossier. À l'époque, ce dernier était à la fois directeur général de la FTQ Construction et représentant de Carboneutre.

Mario Basilico promet qu'il va évoquer ces dossiers avec M. Arsenault, qu'il voudrait voir assumer plus son rôle de «leader».

Selon le représentant syndical, de telles situations ne doivent plus se reproduire. «À la FTQ Construction, on essaye de remettre les choses en ordre, mais ça prend du temps.»

Pour Mario Basilico, il est surtout urgent que la direction de la FTQ fasse preuve de «transparence».

En région

Ce credo est repris par Alain Gagnon, le président du syndicat national des employés de l'aluminium Arvida (local 1937-TCA), qui regroupe près de 2000 membres.

«Tout le monde s'esquive, mais lorsqu'on n'a rien à cacher, on est transparent, dit-il. Monsieur Arsenault doit faire la lumière sur ces histoires de mafia. En tant que cotisant, nous avons le droit de savoir.»

Le chef syndical va même jusqu'à dire qu'«un ménage complet s'impose».

Son local, tout comme les autres syndicats du Saguenay-Lac-Saint-Jean, qui compte 25 000 membres, ont lancé en septembre une fronde contre Michel Arsenault.

«Toutes ces histoires déteignent sur nous en région, les gens nous posent des questions», déplore Alain Gagnon.

«Nous allons nous rendre au congrès (national), et ensuite nous déciderons si nous demeurons affiliés ou non à la FTQ», prévient-il.

De la grogne à la FTQ Construction

Mais avant même l'affaire Carboneutre, plusieurs dirigeants de la FTQ Construction ont critiqué ouvertement Michel Arsenault et l'exécutif de la centrale lors de réunions, selon des documents obtenus par La Presse. Certains n'ont pas hésité à souhaiter l'intervention de Québec, de la Commission de la Construction du Québec, et de la SQ afin de «sortir ce qui est croche et que l'on puisse tout recommencer à zéro».

Michel Arsenault n'a pas répondu à nos huit demandes d'entrevue sur le sujet. Mais dans un entretien accordé mardi à Paul Arcand (98,5FM), le président de la FTQ a simplement indiqué que Carboneutre «n'est pas et n'a jamais été un partenaire du Fonds de solidarité. [...]Jocelyn Dupuis ne travaille plus chez nous depuis deux ans. Il y a 60 000 membres à la FTQ, ils ne sont pas tous des enfants de choeur. Je ne suis pas responsable de l'ensemble des gens».

Michel Arsenault devrait être réélu par acclamation au grand congrès de la centrale à Montréal, début décembre, à la suite du désistement de René Roy.