Tonino Callocchia, entrepreneur de construction au lourd passé d'importateur de cocaïne et jadis associé à Vincenzo Di Maulo, a été victime d'une tentative de meurtre ce matin dans le stationnement d'un restaurant de Laval.

Vers 10 h 10, l'homme de 51 ans a été atteint de plusieurs balles alors qu'il sortait de sa voiture dans le stationnement du restaurant Youlios, au 2033, boulevard Saint-Martin Ouest.

Signe du contexte dans lequel s'inscrit ce nouvel attentat, la police de Laval a dû céder le dossier à la Sûreté du Québec puisque ses attributions ne lui permettent pas d'enquêter sur les meurtres liés au crime organisé.

«Nous avons eu plusieurs appels de témoins disant avoir entendu des coups de feu à l'arrière du restaurant. Sur place, nous avons trouvé l'homme de 50 ou 51 ans, blessé par balle au haut du corps», a expliqué l'agent Franco Di Genova, porte-parole de la police de Laval.

Sur le sol près du restaurant, cinq cônes ont été déposés pour protéger autant de douilles et de balles laissées par le tireur, qui est toujours au large.

Fait à noter, le tireur n'aurait pas laissé son arme sur place. Cela aurait également été le cas pour le meurtre de Vincenzo Scuderi commis hier soir dans Saint-Léonard. Selon nos sources, Scuderi a été la victime d'un tueur professionnel et elles n'excluent pas que celui-ci ait récidivé ce matin, à Laval.

Callocchia est grièvement blessé, mais il était conscient lors de son transport par ambulance. Il devrait survivre.

Propriétaire de l'entreprise Construction TDP, Callocchia a été condamné dans les années 90 à de très lourdes peines de prison pour importation de cocaïne et blanchiment d'argent.

La dernière fois, en 1998, il avait été condamné à 10 ans de prison pour avoir importé 73 puis 93 kg de coke par l'aéroport Pearson de Toronto avec son beau-frère Vincenzo Armeni. Il a même continué son trafic de drogue en prison, ont révélé des documents des Services correctionnels du Canada en 1997.

En 1990, il avait été condamné à huit ans de prison pour de semblables accusations, toujours avec son beau-frère.

Callocchia a aussi été condamné en 1996 à la suite d'une vaste enquête de la GRC. Les agents avaient notamment installé un bureau de change au centre-ville de Montréal devant le bureau de l'avocat Joseph Lagana, auquel recourent plusieurs membres de la mafia. Ceux-ci y ont blanchi des dizaines de millions. Callocchia avait été condamné pour le blanchiment de 500 000 $. On disait alors qu'il était l'homme de confiance de Vincenzo Di Maulo, coaccusé dans cette affaire.

Di Maulo, qui est en libération conditionnelle après avoir purgé une peine à perpétuité pour un meurtre commis dans les années 70, avait lui aussi écopé d'une lourde peine dans l'affaire du bureau de change.

Di Maulo est le frère de Joe Di Maulo, assassiné l'automne dernier devant sa résidence, à Blainville, dans ce que plusieurs sources policières considèrent comme l'un des premiers actes de vengeance du parrain Vito Rizzuto lorsqu'il est rentré au pays après plusieurs années de prison aux États-Unis.

Selon nos sources, la tentative de meurtre dont a été victime Callocchia pourrait s'inscrire dans cette logique de vengeance et dans la réorganisation des forces au sein du crime organisé.

Même si Vincenzo Armeni purge toujours une peine de 19 ans de pénitencier pour importation de cocaïne, son clan serait toujours actif dans le trafic de stupéfiants, en particulier dans la marijuana et contrôlerait des serres au nord de Montréal, nous a-t-on dit.

Dans le passé, les frères Armeni étaient considérés comme de gros joueurs. Ils formaient un groupe indépendant qui n'était pas associé aux Rizzuto mais qui relevait directement de Joe Di Maulo et de Moreno Gallo, expulsé du pays en janvier 2012. Ce groupe fréquenterait toujours un populaire café de la rue Saint-Laurent, dans la Petite-Italie. Selon nos sources, Emilio Cordileone, battu à mort et retrouvé dans sa voiture en décembre dernier, était un habitué de cet établissement.