Richard Goyette a quitté officiellement lundi son poste de directeur général de la FTQ-Construction «pour des raisons de santé». «Son médecin lui a fortement conseillé de quitter son poste», avance Éric Demers, responsable des communications de la FTQ-Construction.

Il assure que le départ de M. Goyette n'est pas lié aux controverses qui ont éclaboussé le syndicat dans les dernières semaines.Dans une conférence de presse houleuse en mars dernier, M. Goyette a comparé ses critiques à des «clowns». Deux jours plus tard, il est parti en vacances pour «prendre du repos». Peu après son retour, il a pris un congé de maladie. «Son repos n'avait pas été aussi bénéfique que nécessaire», indique Éric Demers.

Il ne sera donc jamais revenu de ce congé. Richard Goyette n'était pas présent lundi au court point de presse annonçant son départ. «Il n'y a rien d'autre à dire que le congé de maladie pour expliquer son départ», a assuré son successeur, Yves Ouellet. M. Ouellet, vice-président de la FTQ-Construction, remplaçait M. Goyette par intérim depuis son absence. À la suite de la recommandation du comité exécutif, l'assemblée des directeurs et des représentants l'a officiellement nommé successeur de M. Goyette. Il quitte donc la vice-présidence pour assumer cette nouvelle fonction. C'est Mario Basilico qui remplace M. Ouellet à la vice-présidence.

Le mandat du nouveau directeur général se poursuivra jusqu'aux élections de novembre 2011. Aux élections précédentes en novembre 2008, Richard Goyette avait devancé Bernard Girard par seulement deux votes. M. Girard s'est récemment joint au conseil exécutif de la FTQ-Construction. Certains observateurs indiquent que son leadership était devenu contesté.

M. Goyette était aussi proche de Jocelyn Dupuis, ancien président du syndicat, aujourd'hui accusé de fraude. Selon Radio-Canada, les deux auraient assisté ensemble à un match du Canadien, le 10 mai au Centre Bell. Les billets auraient été fournis par l'entrepreneur Joe Borsellino.

Le nouveau président du syndicat, Yves Mercure, assure que le leadership de Richard Goyette n'était pas contesté, et que ces éléments n'ont rien à voir avec son départ.

Deux dossiers

Deux dossiers figurent au sommet des priorités du nouveau directeur général: les prochaines négociations et l'assainissement de l'industrie. «Les employeurs ont pris un mandat de lock-out, il y a des rumeurs de lock-out pour la fin juin, alors on va beaucoup travailler de ce côté-là, indique le porte-parole du syndicat. (...) Un autre dossier important, c'est la lutte contre le travail au noir. On pense que même si l'industrie fonctionne assez rondement, il y a quelques accrocs. L'assainissement de l'industrie est la clé pour lutter contre cela. Il faut éliminer la circulation d'argent liquide et d'enveloppes.»

En conférence de presse en mars dernier, M. Goyette avait lancé: «Qu'est-ce que vous voulez que je fasse avec une commission d'enquête? Des clowneries?»

La FTQ-Construction a pourtant assuré lundi qu'elle n'avait jamais été contre une commission d'enquête sur la construction. Elle l'appuie, mais à certaines conditions, précise M. Demers. «Pour que ce soit une véritable commission d'enquête non manipulée politiquement, il faut qu'on puisse faire entendre nos témoins, contre-interroger (les autres témoins) et faire entendre la preuve. À la (Commission d'enquête sur la) Gaspésia, notre directeur général n'avait pas pu témoigner, et on ne veut pas que ça se répète.»