(Kamloops) Les dirigeants de la communauté Tkemlúps te Secwépemc, à Kamloops, en Colombie-Britannique, estiment qu’il serait « profondément significatif » d’accueillir le pape François sur leur territoire lors de sa visite au Canada.

Le lourd passé des pensionnats pour Autochtones, financés par le gouvernement fédéral et administrés par l’Église, a été souligné en mai dernier, lorsque les Tkemlúps ont annoncé que plus de 200 tombes présumées non marquées avaient été découvertes sur le site de l’ancien pensionnat de Kamloops. Depuis, d’autres tombes ont été découvertes sur les sites de plusieurs anciens pensionnats en Colombie-Britannique et en Saskatchewan.

On estime que 150 000 enfants autochtones ont été forcés de fréquenter des pensionnats fédéraux pendant un siècle. Plus de 60 % des pensionnats étaient administrés par des membres de l’Église catholique.

Dans une déclaration, les leaders de la Première Nation Tkemlúps te Secwépemc indiquent que la visite papale devrait être plus qu’un symbole de réconciliation. Ils exhortent le pape François à présenter les excuses de l’Église pour son rôle dans les mauvais traitements infligés aux enfants autochtones forcés de fréquenter les pensionnats au Canada.

La Première Nation exhorte également l’Église à « faire preuve d’actes de contrition » et à tenir ses promesses de divulguer les documents relatifs aux pensionnats et recueillir des fonds pour les survivants et leurs familles.

Le Vatican a annoncé mercredi que le pape François était prêt à se rendre au Canada, à une date encore à déterminer. Le Vatican ne précise pas si le pape offrira les excuses de l’Église.

La cheffe de Tkemlúps, Rosanne Casimir, soutient que ce serait un « moment historique » si le pape visitait sa communauté. Les survivants s’attendraient à ce que l’Église respecte ses obligations juridiques et financières.

« Si le pape vient au Canada sans action réelle, avec simplement l’objectif de réconciliation, ça passe sous silence et ignore cette dure vérité », dit-elle.

La déclaration souligne que Mme Casimir et Terry Teegee, chef régional de l’Assemblée des Premières Nations en Colombie-Britannique, ont été nommés pour faire partie de la délégation autochtone qui prévoit de se rendre au Vatican en décembre pour rencontrer le pape.

La Commission de vérité et réconciliation, qui a fait la lumière sur les abus subis par des enfants autochtones dans les pensionnats, demandait il y a six ans, en 2015, que le pape présente, en sol canadien, des excuses au nom de l’Église catholique.

Lors d’une visite officielle au Vatican, en mai 2017, le premier ministre Justin Trudeau avait aussi demandé au pape de présenter les excuses de l’Église. L’année suivante, la Conférence des évêques catholiques du Canada a annoncé qu’après un examen attentif de la demande et des consultations avec les prélats canadiens, le pape François avait conclu qu’il ne pouvait présenter personnellement ces excuses.