(Ottawa) Les maires des plus grandes villes canadiennes demandent l’aide d’Ottawa pour compenser des manques à gagner de dizaines de millions de dollars dans leurs systèmes de transport en commun et afin de ne pas freiner la reprise économique au pays.

La crise sanitaire de COVID-19 a fait des ravages dans les coffres des municipalités, qui ont perdu beaucoup d’argent à cause de la baisse importante d’achalandage dans les transports en commun. En même temps, les dépenses des villes ont augmenté et les maires ont demandé à plusieurs reprises à Ottawa de les aider à combler ces écarts.

Mike Savage, maire d’Halifax et président du caucus des maires des grandes villes au sein de la Fédération canadienne des municipalités (FCM), a expliqué avant la rencontre de mercredi avec le premier ministre Justin Trudeau que les maires se concentraient d’abord sur l’obtention d’une aide « permanente et prévisible » pour les coûts des transports en commun.

Ils veulent ainsi éviter des ruptures de service qui nuiraient aux travailleurs et aux entreprises lors de la reprise graduelle des activités économiques au centre des grandes villes.

M. Savage a également déclaré que sans cette aide, les villes pourraient avoir du mal à moderniser leurs systèmes de transport collectif, une initiative que les libéraux fédéraux avaient pourtant promis de financer en partie, par le biais du Fonds pour l’infrastructure de transport en commun.

La FCM prédit que les municipalités du pays feront face à des déficits opérationnels dans leurs systèmes de transport en commun pour au moins les trois prochaines années. Ils n’ont pas d’estimation globale des pertes à prévoir pendant cette période, sinon qu’elles se devraient se situer dans les dizaines de millions de dollars par année pour les grandes villes au pays.

Le maire de Gatineau, Maxime Pedneaud-Jobin, prévoit des pertes de 10 millions par année sur trois ans, en raison de la baisse d’achalandage dans les autobus de la ville. M. Savage dit qu’à Toronto, ces pertes dans les transports en commun pourraient s’élever à 85 millions cette année et atteindre les 800 millions en 2022 si rien n’est fait.

« Ça varie beaucoup d’une ville à l’autre, mais le problème est le même d’un océan à l’autre », a souligné M. Pedneaud-Jobin. « Si on est en train de faire face à des déficits pour les trois prochaines années, […] on ne sera pas en train d’investir dans la relance. Réduire l’offre de services, pour nous, ce n’est pas une option », a-t-il ajouté.

Les maires des grandes villes pressent également Ottawa de mettre fin à l’itinérance chronique au Canada, en favorisant la construction rapide de logements abordables.

En campagne électorale, les libéraux fédéraux ont promis d’injecter 4 milliards dans un nouveau fonds dans le but de créer 100 000 nouvelles habitations destinées à la classe moyenne d’ici 2024-2025. Ils ont promis un fonds « en fonction des demandes » afin d’aider les municipalités à construire plus de logements plus rapidement.

M. Pedneaud-Jobin dit qu’il « supplie le gouvernement fédéral de tenir compte de la réalité sur le terrain » lors de la création de ce nouveau fonds accélérateur. « Il faut que ça aille à la bonne place. Et dans le cas des grandes villes au Québec, la bonne place, c’est en très, très, très grande partie Accès Logis », a-t-il insisté.

M. Trudeau, au terme de sa rencontre avec les maires, aurait promis que le programme allait être souple et adapté aux réalités locales.