(Ottawa) Le chef conservateur Erin O’Toole réclame le statut d’intervenant à la Cour fédérale qui se penche sur la demande du gouvernement d’interdire de rendre publics les documents relatifs au congédiement de deux scientifiques du laboratoire le plus sécurisé du Canada.

L’avocat d’Erin O’Toole a déposé une lettre auprès du tribunal indiquant que son client a un intérêt important et une perspective distincte sur les questions sous-jacentes soulevées par l’affaire.

Le gouvernement libéral a demandé au tribunal le mois dernier d’interdire la divulgation des dossiers concernant le renvoi de Xiangguo Qiu et de son mari, Keding Cheng, du Laboratoire national de microbiologie de Winnipeg.

Dans un avis de motion déposé le mois dernier, le président de la Chambre des communes, Anthony Rota, a indiqué que, conformément à ses privilèges parlementaires, la Chambre des communes a le pouvoir de convoquer des personnes et d’exiger la production de documents et de dossiers qu’elle juge nécessaires à ses fonctions.

Erin O’Toole a déclaré dans un communiqué qu’il prenait les « mesures nécessaires » pour défier le premier ministre Justin Trudeau devant les tribunaux et mettre fin à la « dissimulation » des documents concernant le laboratoire de Winnipeg.

Justin Trudeau devrait demander au gouverneur général de dissoudre le Parlement dimanche, déclenchant une campagne électorale, et Erin O’Toole affirme que s’il devient premier ministre, il publiera les documents au cours de ses 100 premiers jours au pouvoir.

« Je ne resterai pas les bras croisés pendant que le gouvernement libéral corrompu de Justin Trudeau sape la suprématie du Parlement et le droit des Canadiens de savoir dans quelle mesure le gouvernement fédéral était partenaire avec des scientifiques associés à l’armée chinoise », a-t-il déclaré.

Le gouvernement fédéral a transmis la requête en juin peu de temps après que le président de la Chambre des communes, Anthony Rota eut réprimandé Iain Stewart, le directeur de l’Agence de santé publique du Canada, pour son refus répété de fournir les documents non caviardés aux députés du comité des relations Canada-Chine.

Ian Stewart a avisé le procureur général dans un avis en vertu de la Loi sur la preuve au Canada que des informations sensibles ou potentiellement préjudiciables seraient révélées si les documents étaient remis au comité.

Après avoir examiné l’avis, le procureur général a déposé une demande au tribunal réclamant une ordonnance qui confirme que les documents devraient rester secrets.

Les partis d’opposition ont uni leurs forces pour exiger les documents dans l’espoir de faire la lumière sur les raisons pour lesquelles les scientifiques Xiangguo Qiu et Keding Cheng ont été escortés hors du laboratoire en juillet 2019 puis congédiés en janvier dernier.

Ils s’intéressent également à des documents liés au transfert, supervisé par Xiangguo Qiu, de virus mortels Ebola et Henipah à l’Institut chinois de virologie de Wuhan en mars 2019.

La lettre de l’avocat d’Erin O’Toole indique que si le statut d’intervenant lui est accordé, Erin O’Toole présentera des observations au tribunal sur diverses questions, notamment la portée unique du privilège parlementaire et son évolution dans les tribunaux.

Il parlera également du rôle du Parlement dans la structure constitutionnelle du Canada et de son pouvoir discrétionnaire illimité de faire appel à des personnes et de demander des documents « pour mener les affaires de la nation », indique la lettre.

Il ajoute que les soumissions d’Erin O’Toole se concentreront sur « les risques réels et substantiels pour nos processus démocratiques et pour les futurs parlements, gouvernements et membres de l’opposition si la portée de ces privilèges est abrogée, entravée ou indûment limitée ».

Une audience sur la requête du gouvernement est prévue les 16 et 17 septembre. L’avocat d’Erin O’Toole souhaite pouvoir parler avec le juge de sa demande d’intervention.