Moins de Canadiens vivent en deçà du seuil officiel de pauvreté qu'à n'importe quel moment dans la dernière décennie, révèle Statistique Canada.

L'organisme fédéral explique cette baisse par l'économie bouillonnante et l'allocation pour enfants du gouvernement libéral.

En 2017, l'année la plus récente disponible, 3,4 millions de Canadiens - ou 9,5 % - vivaient en dessous du seuil de pauvreté établi par le gouvernement fédéral l'an dernier. Parmi ceux-ci, on compte 622 000 enfants, le plus bas niveau depuis 2006.

Les baisses successives enregistrées depuis l'arrivée au pouvoir des libéraux en 2015 ont été notées dans la publication. Selon les nouvelles données, il y aurait 278 000 enfants de moins vivant sous le seuil de la pauvreté en 2017 - première année complète de prestations de la nouvelle allocation - par rapport à 2015.

Selon Statistique Canada, une augmentation de la valeur des prestations pour enfants, conjuguée à une augmentation des revenus, a mis davantage d'argent dans les poches des familles en 2017.

Les libéraux se sont réjouis de cette nouvelle, mardi.

« Ça démontre certainement qu'un programme qui est simple à gérer pour le gouvernement, simple pour les familles à recevoir et équitable pour tout le monde... est une bonne chose lorsqu'il est question pour les Canadiens de joindre les deux bouts », a constaté le ministre du Développement social, Jean-Yves Duclos.

Les libéraux ont mis en place l'Allocation canadienne pour enfants au milieu de 2016. Cette prestation, fondée sur le revenu des parents, remplaçait l'ancien système de crédits d'impôt et la prestation universelle pour la garde d'enfants des conservateurs. L'Allocation canadienne pour enfants verse chaque mois un montant non imposable aux familles admissibles.

Selon Statistique Canada, entre 2016 et 2017, un couple avec enfants a vu son allocation médiane grimper de 1200 $, alors que pour les familles monoparentales, elle a monté à 1300 $.

D'autres améliorations ?

M. Duclos a suggéré que les chiffres pourraient encore s'améliorer, particulièrement lorsque l'Allocation canadienne pour les travailleurs sera lancée le mois prochain. Celle-ci permettra d'élargir une politique de l'ancien premier ministre Stephen Harper pour aider les travailleurs pauvres.

Le ministre est demeuré vague lorsqu'il s'est fait questionner sur une possible bonification de l'allocation pour enfants de base et sur l'admissibilité selon le statut migratoire.

Les libéraux avaient déclaré lors de la campagne électorale de 2015 que l'allocation pour enfants permettrait de retirer 300 000 enfants de la pauvreté comparativement aux chiffres de 2013, mais selon une différente mesure de la pauvreté que celle utilisée précédemment.

Selon les chiffres, les libéraux ont atteint leur cible : 315 000 enfants sont sortis de la pauvreté de 2013 à 2017.

L'an dernier, les libéraux avaient indexé la valeur de l'allocation, et ce, deux ans avant la date prévue, et ont promis, d'ici 2020, de réduire le taux de pauvreté de 20 % par rapport aux chiffres de 2015.

Les données de Statistique Canada révèlent que 826 000 personnes de moins vivent sous le seuil de pauvreté en 2017, soit un peu moins que la cible de 20 %.

Un comité d'experts consulté par les libéraux pour concevoir leur plan sur la pauvreté recommandait de fixer une cible de 25 % d'ici 2020. Les libéraux avaient choisi l'objectif de 20 %, amenant certains experts à conclure que la cible allait assurément être atteinte en raison des mesures présentées par le gouvernement.

Les étapes à venir

La prochaine partie du plan propose une diminution de 50 % de 2015 à 2030, ce qui nécessitera de songer à comment « réduire davantage les cas de personnes vivant dans une pauvreté extrême », a affirmé sur Twitter Lindsay Tedds, directrice scientifique de politique fiscale et économique de l'école de politique publique de l'Université de Calgary.

Un projet de loi sur le plan de pauvreté du gouvernement n'a pas encore été adopté à la Chambre des communes, mais il ne prévoit pas de nouvelles dépenses.

« Nous avons choisi l'indicateur, nous avons choisi où nous voulons que l'indicateur soit, mais il n'y a pas de plan si nous ratons la cible et il devrait y en avoir », a déclaré David Macdonald, l'économiste principal au Centre canadien de politiques alternatives.

« C'est l'objectif d'un plan de réduction de la pauvreté, comparativement à avoir juste un plan de suivi, ce qu'on a actuellement. »