Le premier ministre Justin Trudeau s'apprête à nommer l'ex-ministre ontarienne Madeleine Meilleur au poste de Commissaire aux langues officielles, a appris La Presse canadienne.

Madeleine Meilleur a annoncé son retrait de la vie politique en juin dernier après 13 ans passés à siéger comme députée d'Ottawa-Vanier pour le gouvernement ontarien.

La libérale a occupé plusieurs postes au sein du gouvernement de Kathleen Wynne, dont celui de ministre déléguée aux Affaires francophones, de ministre de la Sécurité communautaire et des Services correctionnels de même que celui de procureure générale.

Elle est également connue pour avoir participé à la lutte pour sauver l'hôpital Montfort à Ottawa à la fin des années 1990.

La nomination Madeleine Meilleur ne fait pas l'unanimité parmi les partis de l'opposition.

Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, a dénoncé cette nomination qu'il juge partisane.

«Ça mine l'autorité et la crédibilité de l'institution», a-t-il affirmé lors de la période des questions.

«Est-ce que le premier ministre va retirer cette nomination qui n'a aucun bon sens?», a-t-il demandé.

Thomas Mulcair soutient que Madeleine Meilleur ne pourrait pas faire enquête de façon indépendante sur le gouvernement Trudeau puisqu'elle provient de la même famille politique.

La porte-parole conservatrice en matière de langues officielles, Sylvie Boucher, abonde dans son sens.

«La personne qui doit être nommée à ce titre-là ne doit pas transpirer une couleur politique», a-t-elle affirmé.

Le Bloc québécois craint aussi que Madeleine Meilleur soit trop proche du Parti libéral pour faire son travail en toute indépendance.

«Dans le cas des langues officielles, on sait que c'est un sujet sensible et très important pour le Québec, a souligné Xavier Barsalou-Duval. Donc, d'avoir quelqu'un qui est trop proche du Parti libéral, ça veut dire qu'il ne sera pas critique à son égard.»

Sans confirmer l'information, le premier ministre Justin Trudeau a indiqué que le gouvernement consultait présentement les partis de l'opposition avant de nommer le prochain commissaire aux langues officielles, précisant qu'il ferait une annonce au cours des prochaines semaines.

«Nous croyons fondamentalement dans l'importance de la protection de nos langues officielles. Nous allons choisir quelqu'un du plus haut calibre», a-t-il répondu aux critiques du NPD lors de la période des questions.

Le mandat du commissaire aux langues officielles précédent, Graham Fraser, s'est terminé le 16 décembre. La commissaire adjointe Ghislaine Saikaley assure l'intérim jusqu'en juin.

Il reste donc peu de temps au gouvernement pour faire approuver cette nomination avant la fin des travaux parlementaires. Le premier ministre doit d'abord consulter les chefs des partis de l'opposition avant que le Sénat et la Chambre des communes approuvent la nomination.

La tradition veut que le poste de commissaire aux langues officielles soit occupé en alternance par un candidat francophone et anglophone.

Le mandat du commissaire aux langues officielles dure sept ans. Son rôle est de veiller à l'application de la loi en cette matière et d'enquêter sur les plaintes lorsque les droits linguistiques ne sont pas respectés.

Réactions mitigées

La Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA) a accueilli la nouvelle favorablement.

«C'est quelqu'un qui a mis sur pied un commissariat semblable en Ontario, c'est quelqu'un qui est une passionnée du fait français et des langues officielles et c'est une fonceuse», a affirmé la présidente de la FCFA, Sylviane Lanthier.

La FCFA avait demandé que le prochain commissaire aux langues officielles provienne d'une des communautés francophones hors Québec, qu'il connaisse bien ces communautés, mais aussi la Loi sur les langues officielles.

L'organisme espère que Mme Meilleur pourra véritablement faire en sorte que le français soit sur le même pied d'égalité que l'anglais dans les services sous juridiction fédérale.

Le président du mouvement Impératif français, Jean-Paul Perreault, espère que la nouvelle commissaire réussira là où elle a échoué lorsqu'elle était ministre à la législature ontarienne.

«Elle n'a pas réussi à convaincre le gouvernement de l'Ontario d'intervenir pour faire d'Ottawa, la capitale de la fédération canadienne, une ville où on reconnaît au français et aux francophones un statut égal, un statut officiel», a-t-il remarqué.

Il demande à la nouvelle commissaire d'intervenir pour ralentir l'anglicisation du Québec, tout en s'assurant que la francophonie soit respectée ailleurs au pays.