Alors que l'armée américaine s'apprête à ouvrir ses portes aux personnes transgenres pour la première fois de son histoire, les Forces armées canadiennes cherchent des moyens d'améliorer leur propre politique dans ce domaine.

Les dirigeants militaires chargés de passer en revue la politique, qui est entrée en vigueur en février 2012, espèrent fournir une ébauche de la nouvelle version d'ici la fin de l'année.

Le responsable du projet affirme que certains changements seront d'ordre technique alors que d'autres viseront à donner des lignes directrices aux commandants et aux soldats afin qu'ils puissent mieux accommoder le personnel transgenre pour les questions de base comme l'utilisation des salles de bains et des douches.

«Les Forces canadiennes constituent un cas particulier puisqu'elles hébergent et habillent leurs employés, a indiqué la lieutenante-colonelle Monique Goyette de la Direction des droits de la personne et diversité (DDPD) de l'armée. Nous avons l'intention de créer un formulaire qui servira de liste de vérification pour aider encore plus les commandants.»

Il n'existe aucune donnée officielle concernant le nombre de personnes transgenres au sein de l'armée canadienne, mais les dirigeants estiment qu'elles sont environ 200.

Même si elle a généralement accordé de bonnes notes à l'armée canadienne dans ce dossier, la caporale-chef Natalie Murray, qui gère la page Facebook du personnel militaire transgenre au Canada, affirme que la discrimination et les comportements inappropriés sont encore fréquents.

Mme Murray, une technicienne en électronique rattachée à la base Comox, en Colombie-Britannique, ayant effectué la transition d'homme vers femme en 2003, a reconnu que la chaîne de commandement réagissait souvent rapidement à pareille conduite. Selon elle, le fait que ce type d'incident continue à se produire montre toutefois la nécessité d'offrir davantage de renseignements et de formation.

«Cela ne concerne pas seulement les commandants aux échelons les plus élevés de la hiérarchie militaire, a-t-elle soutenu. Il faut que cela se propage aussi vers le bas, plus particulièrement au sein de la chaîne de commandement de la personne en transition, même jusqu'à son supérieur immédiat. Parce qu'une seule personne suffit pour semer le chaos.»

Les Forces armées canadiennes ont levé l'interdiction pour les membres de la communauté LGBT de servir en uniforme en 1992 à la suite d'un cas hautement médiatisé. Elles ont aussi financé des dizaines d'opérations de réassignation sexuelle au cours des 20 dernières années, dont 19 entre 2008 et octobre 2015.

Tout comme Natalie Murray, Alan Okros, un spécialiste de la diversité dans l'armée au Collège des Forces canadiennes à Toronto, croit que les dirigeants militaires doivent diffuser davantage de renseignements sur les personnes transgenres.

Les Forces armées canadiennes ont récemment publié un guide sur les différentes religions afin d'éduquer et de sensibiliser leurs membres, et M. Okros pense qu'une approche similaire pourrait être adoptée relativement aux questions qui touchent la communauté LGBT.