Les accusations de terrorisme qui pesaient contre un Canado-Libyen qui est emprisonné aux Émirats arabes unis depuis plus d'un an ont été abandonnées, selon sa famille.

Or, la bataille judiciaire de Salim Alaradi est bien loin d'être terminée: le procureur de l'État a annoncé lors d'une audience en cour, lundi, que l'homme de 48 ans serait accusé de deux chefs d'accusations moins graves.

Sa fille Marwa, âgée de 18 ans, estime que ce nouveau développement prouve que son père est innocent.

Le frère de Salim Alaradi, Mohamed Elaradi - qui épelle son nom différemment de l'arabe - a déploré en entrevue avec l'Associated Press que la cour ait «fabriqué de nouvelles accusations» qui pourraient mener à une condamnation. Il a ajouté que cette nouvelle démontrait que les autorités «jouaient à des jeux» et n'appliquaient pas la procédure prévue par la loi.

Né en Libye, Salim Alaradi avait quitté les Émirats en 1998 pour s'installer avec sa famille à Vancouver. En 2007, il avait décidé de retourner aux Émirats arabes unis pour s'occuper avec son frère d'un commerce d'électroménagers. En août 2014, il passait des vacances avec sa famille dans l'archipel artificiel de Palm Jumeirah, aux Émirats, lorsque les services de sécurité du pays sont venus le cueillir à son hôtel, en fin de soirée.

M. Alaradi, un homme d'affaires canadien d'origine libyenne, avait plaidé non coupable à trois chefs d'accusation de terrorisme plus tôt cette année. On le soupçonnait d'avoir financé, appuyé et collaboré avec des organisations terroristes. Il avait appris ces accusations seulement en janvier dernier alors qu'il était emprisonné depuis le mois d'août 2014.

Il avait été arrêté avec son frère, Mohamed Elaradi, ainsi qu'avec dix hommes d'affaires libyens et américano-libyens. Mohamed Elaradi avait été libéré en décembre de la même année.

L'abandon des accusations de terrorisme est un développement majeur dans l'affaire, selon l'avocat canadien de Salim Alaradi, Paul Champ.

«C'est un tournant spectaculaire. Il semble que la sécurité publique tente de rétablir la situation et de sauver la face quand elle voit qu'elle n'a vraiment rien contre ces hommes», a-t-il expliqué.

M. Alaradi est maintenant accusé d'avoir offert du matériel à des groupes étrangers et d'avoir récolté des dons sans la permission du gouvernement émirien, selon Me Champ.

«Les résultats les plus graves que nous craignions ont été exclus, que ce soit la prison à vie ou même la peine de mort. Nous espérons que ces (accusations) soient perçues comme relativement mineures», a-t-il soutenu.

M. Alaradi a toujours admis qu'il avait aidé à collecter des fonds et à fournir de l'approvisionnement au conseil de transition en Libye dans la foulée du renversement du dictateur de longue date, Mouammar Kadhafi, en 2011.

«C'était totalement appuyé par le gouvernement des Émirats arabes unis et tous les gouvernements occidentaux à l'époque. Depuis qu'il y a des soulèvements en Libye en 2012, M. Alaradi n'a rien à voir avec la situation politique là-bas», a ajouté son avocat.

Les Émirats arabes unis faisaient partie de la coalition internationale dirigée par l'OTAN qui avait évincé M. Kadhafi du pouvoir.

L'affaire Alaradi a attiré l'attention du monde entier depuis que ses coaccusés et lui sont en procès. Le mois dernier, des représentants des Nations unies ont réclamé sa libération immédiate et celle des autres prisonniers libyens et américano-libyens.

Salim Alaradi retournera en cour le 11 avril.