Saint-Adolphe-d'Howard peut compter sur un nouvel appui dans sa lutte contre le tracé d'Hydro-Québec qui passera sur ses terres. Une architecte qui a elle-même participé à l'élaboration des méthodes de conception des tracés de lignes électriques pour Hydro conteste le parcours de la ligne imaginé par la société d'État pour qui elle a rempli plusieurs mandats.

Les besoins en électricité dans les MRC des Pays-d'en-Haut et des Laurentides ont augmenté de 20% depuis un peu plus de 10 ans. Pour répondre à cette hausse, Hydro-Québec a entrepris de construire une ligne de 120 kilovolts qui partira de Mont-Tremblant jusqu'à une ligne existante située entre Saint-Sauveur et Sainte-Agathe-des-Monts. En juin dernier, la société d'État a dévoilé son projet final, qui implique l'installation de nombreux pylônes au coeur de Saint-Adolphe-d'Howard. La municipalité conteste le tracé choisi depuis le début du processus et a mandaté une architecte paysagiste pour proposer une ultime voie.Élaine Genest a participé en 1992 à l'élaboration de la méthode paysage, qu'Hydro-Québec utilise pour l'élaboration de certaines lignes électriques. La méthode vise à intégrer le mieux possible les effets négatifs reliés à l'imposition des immenses pylônes sur un territoire donné.

Or, cette même spécialiste conteste le tracé final. Elle pense que cela pourrait nuire au développement et à l'économie du village.

«Malgré l'importante sensibilité des paysages du territoire municipal, le tracé de ligne proposé est davantage conditionné par les considérations économiques du projet que par de réels objectifs d'intégration de l'équipement à l'environnement naturel, humain et paysager», écrit la spécialiste dans un rapport produit pour la municipalité de Saint-Adolphe-d'Howard. Élaine Genest a reçu plusieurs mandats d'Hydro-Québec au cours de sa carrière.

Selon elle, le tracé ignore des critères de la méthode d'étude du paysage. Elle fait valoir que la ligne risque de passer «à quelques centaines de mètres» du centre-ville par exemple. La municipalité et elle ont donc proposé un nouveau tracé «de quelques kilomètres plus long» à Hydro-Québec, qui permettrait de minimiser les impacts sur le paysage et sur la ville, en n'empiétant pas sur les municipalités avoisinantes. «Le paysage, c'est pas juste une vue. C'est aussi le secteur humain, où il y a des résidants. Il faut comprendre comment le milieu est composé, structuré, comment il est valorisé. C'est plus sensible qu'un parc industriel par exemple», affirme Élaine Genest en entrevue à La Presse.

Hydro-Québec dit évaluer présentement ce 12e tracé alternatif proposé par la municipalité tout en affichant plusieurs réserves. La société pense que cela pourrait avoir «des impacts humains» pour d'autres résidants en plus d'avoir un impact visuel sur les résidants situés tout près du village de Saint-Agathe-Des-Monts. «Les quelques kilomètres qu'on nous propose passeraient vraiment très proche de certains résidants. Beaucoup plus proche que ce qui est sur la table», affirme Serge Abergel, porte-parole du dossier pour Hydro-Québec. La société n'a toutefois pas été en mesure de fournir un exemple concret des impacts causés par cette nouvelle proposition, préférant attendre que l'étude du dossier soit complétée.

Quant à la méthode paysage, elle affirme que celle-ci a été «bonifiée» au cours des années et que Mme Genest n'était pas seule dans l'élaboration de cette technique.

Échéancier à venir: 

• Autorisations gouvernementales Été 2015 - été 2016

• Construction Automne 2016 - automne 2017

• Mise en service Automne 2017