Des centaines d'organismes communautaires fermeront temporairement leurs portes demain pour protester contre les politiques d'austérité du gouvernement québécois. Les organismes entendent fermer boutique pour 225 minutes, soit une minute par million qu'ils réclament au gouvernement Couillard.

Rien qu'à Montréal, plus de 175 groupes participeront au mouvement, et ce chiffre pourrait augmenter d'ici demain, a indiqué Sébastien Rivard, coordonnateur du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal, au cours d'un entretien avec La Presse. Le Chic Resto Pop, par exemple, cessera de servir des repas durant cette période. La Maison Tangente, qui héberge de jeunes adultes sans-abri, sera inaccessible le temps de la manifestation. Des centres d'aide aux femmes et de défense des droits de la personne seront aussi fermés.

Les groupes communautaires dénoncent les mesures prises par le gouvernement Couillard depuis son arrivée au pouvoir. Québec a décidé de ne pas rehausser le financement consacré aux organismes communautaires de 162 millions ainsi que l'avait promis l'ancien gouvernement péquiste. La récente déclaration du ministre des Finances, Carlos Leitao, voulant qu'il envisage de sous-traiter des services publics en faisant appel à des services communautaires, a aussi frustré plusieurs acteurs dans le milieu.

Il explique que l'initiative vise à démontrer la valeur de ses organismes au sein de la société québécoise. Mercédez Roberge, co-porte-parole de l'événement, explique que « les groupes communautaires évitent en général de fermer leurs portes parce que cela fait partie des services à la population ». Mais « le [degré] d'indignation est rendu à ce point-là », clame-t-elle.

DÉNONCER LE SOUS-FINANCEMENT

Des rassemblements seront organisés un peu partout dans la province durant cette journée. À Montréal, une « marche funèbre » partira du centre-ville. Ailleurs, plusieurs manifestations auront lieu devant les bureaux de circonscription des députés libéraux. Les organisateurs prévoient aussi profiter de la mobilisation pour y présenter quelques actions symboliques. « On pourrait par exemple faire de fausses files d'attente devant les CLSC », image Mercédez Roberge.

Le milieu communautaire demande au gouvernement québécois d'investir 225 millions supplémentaires pour soutenir les quelque 3000 organismes liés au secteur de la santé et des services sociaux. Il demande aussi à Québec de se doter d'un « véritable » programme national de financement. 

Sébastien Rivard croit que le sous-financement pourrait obliger certains organismes à carrément mettre un terme à leurs activités cette année. Les organisations communautaires entendent par ailleurs exercer une pression accrue au cours des prochaines semaines. « On envisage plus tard des moyens de pression plus importants », menace-t-il.