Onze Canadiens - cinq citoyens et six résidents permanents - figurent parmi les victimes de l'écrasement du vol AH 5017 d'Air Algérie. Tous habitaient le Québec ou s'apprêtaient à s'y installer, selon les informations de l'Association des Burkinabès du grand Montréal qui semblent corroborer celles contenues dans une liste de victimes.

Une mère de famille de Sherbrooke, Isabelle Prévost, est au nombre des victimes de la tragédie. Son conjoint, Danny Frappier, a confirmé qu'elle avait pris place dans l'appareil qui s'est écrasé au Mali jeudi matin. La femme âgée de 35 ans, qui avait trois enfants âgés de cinq, sept et neuf ans, était en vacances en Afrique.

La catastrophe a également décimé une famille de Longueuil. Winmalo Somda, son épouse Angélique Kpoda et leurs deux enfants, Arielle et Nathanael, sont morts lorsque l'appareil s'est écrasé. Ils étaient tous les quatre citoyens canadiens.

Les autres passagers étaient résidents canadiens permanents, originaires du Burkina Faso.

Le frère de Winmalo Somda, Wilfried, est l'un d'eux. Il laisse dans le deuil son épouse enceinte et leur fille âgée de trois ans.

La tragédie a aussi durement touché Mamadou Zoungrana, technologue au Centre de santé et de services sociaux (CSSS) de Papineau, en Outaouais. Il a perdu son épouse et leurs deux enfants dans la tragédie. Nouvellement résidents permanents, ils étaient sur le point de venir s'établir au Québec.

Les deux derniers détenteurs de la résidence permanente qui ont péri dans l'accident, Aboubacar Yameogo et sa mère, Kadidia Koanda, avaient aussi mis le cap sur le Québec pour s'y installer.

Mamadou Zoungrana doit prendre l'avion pour se rendre au Burkina Faso, d'après Mahamadi Savadogo, de l'Association des Burkinabès du grand Montréal.

La communauté burkinabè se mobilisera afin de venir en aide aux familles des victimes, a assuré M. Savadogo.

Une campagne de financement a ainsi été mise sur pied par l'Association des Burkinabès du grand Montréal, qui invite la population à se rendre sur son site Internet pour savoir comment y contribuer.

Une cérémonie de commémoration en appui aux familles et aux proches endeuillés se tiendra ce vendredi soir au parc Marie-Victorin, à Longueuil, vers 20 h 30, a ajouté M. Savadogo.

Le premier ministre Philippe Couillard a réagi par voie de communiqué, vendredi, affirmant qu'il avait «une pensée toute particulière pour les familles et les proches de nos concitoyens du Québec qui étaient à bord de cet appareil».

«Le gouvernement du Québec collabore avec le gouvernement fédéral et les autorités locales au Mali afin, notamment, de s'assurer que la suite des choses se déroule dans le respect des familles», a ajouté le premier ministre.

Le ministre de la Santé et des Services sociaux, Gaétan Barrette, a pour sa part indique les intervenants du réseau sont mis à contribution pour soutenir les gens dans le besoin.

«Le caractère soudain et imprévu d'un sinistre, tels les écrasements d'avion et l'accident d'autobus survenus dans les derniers jours (dans l'État de New York), crée un sentiment d'impuissance qui a des impacts sur les plans physique, psychologique, social, matériel, financier et même environnemental des individus. C'est la raison pour laquelle nos équipes sont déjà à pied d'oeuvre afin d'offrir un soutien, si nécessaire, aux familles touchées», a indiqué le ministre Barrette.

L'avion affrété par Air Algérie, qui appartenait au transporteur espagnol Swiftair, est disparu jeudi des radars moins d'une heure après son décollage d'Ouagadougou, la capitale du Burkina Faso, à destination d'Alger.

Les restes de l'avion ont finalement été retrouvés à environ 50 kilomètres de la frontière du Burkina Faso, près du village de Boulikessi au Mali.

Vendredi, le président français François Hollande a confirmé qu'il n'y avait aucun survivant. Il a aussi ajouté qu'une boîte noire avait été récupérée.

Une cinquantaine de Français étaient à bord de l'avion MD-83.

La récupération des corps sera «très difficile»

Il sera «très difficile» de récupérer les corps des victimes, a affirmé vendredi soir à Ouagadougou le chef d'état-major particulier à la présidence burkinabè, de retour du site de l'accident.

Le général Gilbert Diendiéré a accompagné vendredi après-midi le président burkinabè Blaise Compaoré dans la zone de Gossi, à environ 100 km de Gao, la plus grande ville du nord du Mali, où l'avion s'est écrasé jeudi.

L'appareil a été «complètement désintégré. Il est aujourd'hui difficile de pouvoir récupérer quoi que ce soit, et même pour les corps des victimes, je pense qu'il est très difficile de pouvoir les récupérer parce que nous avons vu seulement des morceaux de chair humaine qui jonchaient le sol», a déclaré le général Diendiéré.

«Les débris étaient éparpillés sur une distance de 500 m mais nous avons constaté que cela est dû au fait que l'avion s'est écrasé d'abord (au) sol et a certainement dû rebondir pour aller plus loin. (...) Il y a même un cratère au sol qui est bien visible et qui montre que l'avion a bien touché le sol avant de se désintégrer», a-t-il ajouté.

«Une des deux boîtes noires» de l'avion a été retrouvée, «les recherches se poursuivent pour retrouver» la seconde. Cependant, jusqu'à vendredi, a-t-il précisé, le Burkina Faso n'avait pas d'information sur les causes de l'accident, «je pense que la boîte noire qui a été retrouvée va nous permettre d'avoir des éléments nouveaux».

Sur place, selon lui, «des dispositions sont prises par les forces maliennes et également par les forces armées françaises» déployées dans la région «pour sécuriser la zone, (l')isoler et permettre que les enquêtes se déroulent normalement».

Le gouvernement burkinabè a «pris des dispositions» pour transporter sur le site un nombre réduit de représentants de familles des victimes, a annoncé le ministre burkinabè de l'Administration territoriale et de la Sécurité, Jérôme Bougouma.

«Nous allons organiser ce déplacement par hélicoptère», les rotations débuteront samedi, les représentants seront désignés par la compagnie «mais nous avons souhaité qu'il y ait des représentants des familles françaises, libanaises et burkinabè (...) car nous n'avons pas beaucoup de places», a expliqué M. Bougouma.

- Avec AFP