Un cousin éloigné de Gavrilo Princip, l'homme qui a assassiné l'archiduc austro-hongrois François-Ferdinand le 28 juin 1914 à Sarajevo, vit à Ottawa. La mort de François-Ferdinand a mené à la déclaration de guerre de l'Autriche-Hongrie contre la Serbie, puis à la Première Guerre mondiale par le jeu des alliances militaires.

Sacha Princip a grandi en Yougoslavie et se souvient que son lointain parent - son arrière-grand-père est le frère du grand-père de Gavrilo Princip - était honoré sous le régime communiste comme un héros. Mais cet héritage a fini par lui peser, avec les guerres civiles yougoslaves des années quatre-vingt-dix.

La famille Princip dans son ensemble a été chagrinée de voir la mémoire de Gavrilo Princip utilisée, non sans moult distorsions, par des politiciens serbes, croates et bosniaques. Cela l'a rendue méfiante à l'endroit des médias. Ce poids est lourd pour Sacha Princip, qui a émigré au Canada. Il n'a pas voulu donner beaucoup de détails sur lui-même, regrettant même d'avoir parlé à un journaliste. «Les descendants directs de Gavrilo Princip vont être fâchés contre moi d'avoir parlé de lui. Les journalistes font tellement de distorsions des faits historiques. Je ne veux même pas lire votre article.»

Récupération politique

Sacha Princip déplore l'utilisation politique actuelle du personnage de Gavrilo Princip. «Si vous lisez les journaux de Belgrade et ceux de Sarajevo, vous avez des portraits très différents de Gavrilo Princip, dit Sacha Princip. Ceux de Belgrade ne s'en tiennent pas aux faits historiques. Ils font des distorsions. Et certains journaux de Sarajevo font aussi des distorsions.»

Durant la guerre civile yougoslave des années quatre-vingt-dix, la chapelle abritant les restes de Gavrilo Princip, à Sarajevo, a été profanée par les Bosniaques, et sa maison natale, transformée en musée par le régime communiste, a été détruite par les troupes croates. Les Serbes bosniaques veulent maintenant reconstruire la maison natale de Gavrilo Princip et viennent de dévoiler à Sarajevo-Est une statue en son honneur, le présentant comme un héros de la cause serbe.

Mais selon Sacha Princip, son ancêtre n'était pas un nationaliste serbe, mais voulait libérer tous les peuples des Balkans qui étaient sous la férule de l'empire austro-hongrois, des catholiques croates aux Bosniaques musulmans, en passant par les Juifs.

Gavrilo Princip n'a pas été condamné à mort parce qu'il avait 19 ans et qu'il était interdit dans l'empire austro-hongrois d'exécuter un condamné ayant moins de 20 ans au moment du crime. Il est mort de tuberculose en avril 1918 dans la prison de Theresienstadt, aujourd'hui en République tchèque, qui allait devenir un camp de concentration nazi tristement célèbre.

Les honneurs rendus à Gavrilo Princip dans la Yougoslavie du maréchal Tito ont instillé en Sacha Princip une fierté de ses racines, mais le simple fait d'avoir ce patronyme illustre ne faisait pas de lui une vedette à l'école. «Je connais bien l'histoire de mon arrière-arrière-grand-père, Todor, qui a pris le nom Princip parce que c'était le surnom que lui donnaient les Vénitiens avec qui il faisait affaire. Ils l'appelaient "Principe" parce qu'il avait l'air d'un prince, il était grand et fort. Avant Todor, ma famille avait émigré du Monténégro à la Bosnie.» Avant de se nommer Princip, le nom de famille des ancêtres de Sacha et Gavrilo Princip était Jovicevic, un clan important au Monténégro, selon The Trigger, une biographie récemment publiée de Gavrilo Princip.