Les négociations se poursuivent toujours dans l'industrie québécoise de la construction, alors que les conventions collectives des secteurs industriel, commercial et institutionnel viennent à échéance lundi prochain.

Une séance de négociation en présence du médiateur Normand Gauthier a eu lieu jeudi matin et une autre est prévue vendredi. Il s'agit de la dernière date de négociation fixée pour le moment, ont indiqué jeudi en entrevue Yves Ouellet, porte-parole de l'Alliance syndicale et directeur général de la FTQ-Construction, et Lyne Marcoux, négociatrice en chef de l'Association de la construction du Québec.

Les secteurs industriel, d'une part, et institutionnel et commercial, d'autre part, sont les seuls de l'industrie à n'avoir pas conclu d'entente en vue du renouvellement des conventions collectives l'an dernier. Le secteur résidentiel ainsi que celui du génie civil et de la voirie (routes et grands travaux) avaient renouvelé leur convention collective respective pour 2013-2017.

Il y avait eu une grève de quelques jours l'été dernier. Le gouvernement péquiste avait alors adopté une loi spéciale prolongeant les conventions dans les secteurs industriels, commercial et institutionnel seulement, pour un an, afin de permettre aux parties de continuer la négociation et de tenter de s'entendre d'ici le 30 juin 2014. Mais les négociations y ont véritablement repris il y a quelques mois seulement.

«Ça pourrait avancer plus vite que ça, mais... admettons que ce n'est pas.... Bien, ça négocie! On peut dire que ça négocie. Est-ce que ça négocie rapidement? Ça, c'est une autre affaire», a commenté M. Ouellet, jeudi.

Du côté patronal, Mme Marcoux se montre aussi critique. «Je peux dire que tout le monde est assis, que tout le monde est aux rencontres, mais est-ce que tout le monde négocie? Négocier, c'est avoir des objectifs communs, c'est qu'on accepte de part et d'autre de mettre de l'eau dans notre vin pour arriver à un résultat qui va aider notre industrie - donc, à la fois les entrepreneurs et les travailleurs. Après un an, je n'ai pas l'impression qu'on partage encore les mêmes objectifs. Nous, on a fait un effort; on a modifié nos demandes», a-t-elle fait valoir.

M. Ouellet, quant à lui, a insisté sur le fait que le 30 juin ne représente que l'échéance officielle des conventions collectives dans les secteurs industriels, commercial et institutionnel; les ouvriers ne se retrouvent donc pas sans convention le lendemain. «À partir du 30, ça reste comme c'est là, sauf que les gars et les filles n'ont pas plus d'augmentation à partir du 30 - ce qui est extrêmement désolant. Les conditions de travail restent là. Mais c'est juste plate, parce que tout le reste continue à augmenter, que ce soit le gaz, l'électricité - tout a augmenté, sauf le salaire des travailleurs», a déploré le dirigeant syndical.

L'Alliance syndicale, qui regroupe les cinq organisations syndicales dans l'industrie, pourra exercer son droit de grève à compter du 22 juillet, a indiqué M. Ouellet. Mais le médiateur pourrait également prolonger la période de médiation d'un mois après l'échéance du 30 juin, auquel cas l'exercice du droit de grève serait reporté au 21 août, a-t-on expliqué au ministère du Travail.

Le porte-parole des cinq syndicats - FTQ-Construction, Conseil provincial du Québec des métiers de la construction (International), CSD-Construction, CSN-Construction et Syndicat québécois de la construction - se dit «ni optimiste ni pessimiste, mais neutre», dans le contexte.

«On ne veut pas de loi spéciale», a commenté de son côté Mme Marcoux. «J'espère que les dernières heures vont permettre qu'il y ait une avancée.»

Près de 170 000 ouvriers de la construction travaillent au Québec dans les quatre secteurs de l'industrie. Environ 90 000 d'entre eux travaillent dans les secteurs industriel, commercial et institutionnel - ce qui inclut les chantiers des hôpitaux universitaires, par exemple.