La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a répliqué, samedi, aux attaques menées contre son parti par le gouvernement Harper le jour même où les élections ont été déclenchées dans la province.

Vendredi, le premier ministre Stephen Harper s'était invité dans la campagne électorale ontarienne afin de critiquer la proposition de Mme Wynne de créer un régime de retraite provincial, l'une des pièces de résistance de la plateforme libérale, affirmant qu'il s'agissait d'une nouvelle taxe qui ne plairait pas aux électeurs.

En entrevue avec CBC samedi, la chef libérale a répondu que, si M. Harper n'était pas prêt à appuyer le régime ontarien, il devait s'abstenir d'intervenir.

«Le premier choix aurait été un Régime de pensions du Canada amélioré et augmenté, mais le gouvernement fédéral n'est pas intéressé à le faire. Alors franchement, je pense que si le premier ministre Harper n'est pas intéressé à collaborer avec nous, il devrait se tasser du chemin», a-t-elle affirmé, reprenant une formule utilisée plus tôt cette année.

Mme Wynne a ajouté que les commentaires du premier ministre étaient «inhabituels» et qu'elle n'était pas dans la course électorale pour affronter Stephen Harper.

Le ministre fédéral des Finances, Joe Oliver, s'est aussi jeté dans la mêlée, samedi, soutenant sur les ondes de CBC que le budget proposé par Kathleen Wynne mettrait la province sur la voie du déclin économique.

En réponse à ce commentaire, la première ministre ontarienne a accusé le gouvernement Harper d'équilibrer ses comptes sur le dos de la population de l'Ontario en coupant les transferts en matière de santé et de programmes sociaux, un point qui oppose depuis longtemps les libéraux ontariens aux conservateurs fédéraux.

En contraste avec les propos de M. Harper qui ont attiré beaucoup d'attention vendredi, son bureau a réagi avec plus de modération samedi, notant que ce sera aux électeurs de l'Ontario de se prononcer et que le Parti conservateur travaillera avec le gouvernement qui aura été élu.

La province est entrée en campagne électorale après que les partis d'opposition eurent déclaré que le gouvernement libéral minoritaire n'avait plus leur confiance.

La leader du Nouveau Parti démocratique ontarien, Andrea Horwath, a lancé le bal, vendredi, en disant que sa formation ne pouvait plus soutenir un gouvernement empêtré dans des scandales et que son parti et les progressistes-conservateurs voteraient contre le budget libéral.

Plutôt que d'attendre la tenue du vote, Kathleen Wynne a décidé de demander immédiatement au lieutenant-gouverneur de la province, David Onley, de dissoudre l'Assemblée législative ontarienne.

Lors d'un rassemblement de parti samedi prévu avant le déclenchement des élections, Mme Horwath a offert un discours ponctué de notes populistes, accusant le gouvernement Wynne de ne pas être dans la réalité.

«Dans le monde réel, on additionne les factures, chacune d'entre elles, à la table de la cuisine, en espérant en tirer quelques économies. À Queen's Park, les dirigeants du secteur public s'achètent des bateaux à moteur avec votre argent», a-t-elle déclaré.

«Dans le monde réel, si on fait une erreur, on la rectifie ou on assume les conséquences. À Queen's Park, on efface le disque dur et on espère s'en tirer», a-t-elle poursuivi, faisant allusion à une enquête policière sur la suppression présumée de documents portant sur le scandale des centrales au gaz.

Du côté des conservateurs, le chef Tim Hudak est demeuré discret, samedi.