Amnistie internationale a rendu public mercredi son dernier bilan de l'état des droits de la personne au Canada. Le rapport constate que le gouvernement fédéral rejette toute critique à son endroit et refuse de corriger les lacunes identifiées par les Nations unies. Un statu quo jugé inacceptable par l'organisme de défense des droits de l'homme, qui s'inquiète également d'une certaine charte des valeurs. Quatre mots pour comprendre.

ONU

Le Canada s'est soumis au cours de la dernière année à un examen périodique universel, exercice mené par l'ONU pour faire son bilan en matière de droits de la personne. Selon Amnistie internationale, Ottawa a cependant rejeté les critiques à son endroit et n'a voulu prendre aucun engagement pour corriger les lacunes identifiées. «Le Canada a de moins en moins de crédibilité sur la scène internationale, affirme Béatrice Vaugrante, directrice générale d'Amnistie internationale, section Canada francophone. Plusieurs pays amis critiquent notre bilan et le pays défend de plus en plus les droits de l'homme à la carte, ce qui aurait été impensable il y a quelques années.»

Autochtones

Les peuples autochtones occupent une place importante dans le bilan d'Aministie internationale. Selon Mme Vaugrante, c'est le principal dossier qui assombrit le bilan canadien. «Plus de 600 femmes autochtones ont disparu ou ont été assassinées au cours des dernières années. Aurions-nous accepté que ça se produise si ces femmes n'étaient pas autochtones?» Le rapport note que le Canada n'a pas voulu adopter un plan d'action national pour contrer la violence envers les femmes et refuse la tenue d'une enquête publique sur les femmes et les filles autochtones disparues ou assassinées. La consultation des communautés autochtones fait aussi défaut dans le cadre de plusieurs projets de développement des ressources naturelles.

Charte

Amnistie internationale réaffirme son inquiétude au sujet de la Charte des valeurs proposée par le gouvernement du Québec. Certaines des dispositions prévues pourraient contrevenir à plusieurs normes de droit de la personne et compromettre l'égalité des femmes. Dans les prochains jours, l'organisme compte déposer un mémoire à Québec sur cette question. Les arrestations de masse au cours des manifestations étudiantes au printemps 2012 sont également évoquées dans le rapport. En matière de liberté d'expression, l'organisme s'inquiète aussi de voir le droit à la dissidence de plus en plus bafoué par le gouvernement fédéral. Amnistie note une tendance inquiétante à l'endroit des scientifiques sur les questions environnementales.

Incohérences

Selon Amnistie internationale, plusieurs incohérences ont entaché la feuille de route canadienne ces dernières années. Un exemple? Le ministre des Affaires étrangères, John Baird, continue à défendre les droits des homosexuels à l'échelle internationale. Mais son gouvernement refuse toute critique à l'endroit du bilan d'Israël en matière de droits de l'homme. En conclusion, le rapport signale que la politique étrangère d'Ottawa semble de plus en plus centrée sur la promotion des intérêts économiques du Canada. «J'avoue que parfois, je désespère un peu, mais on doit continuer notre travail», affirme Béatrice Vaugrante.