Les inspecteurs fédéraux et l'entreprise de transformation de viande au centre de l'éclosion de la bactérie E. coli semblent être en pleine confrontation. L'opposition officielle croit d'ailleurs que le ministre de l'Agriculture devrait agir pour mettre fin au conflit.

L'enquête sur le processus de transformation de l'Agence canadienne d'inspection des aliments (ACIA) chez XL Foods est dans une impasse depuis que l'entreprise a annoncé qu'elle avait  temporairement mis à pied 2000 travailleurs.

XL Foods accuse le gouvernement fédéral de ne pas lui avoir indiqué la date précise à laquelle elle retrouverait l'autorisation qui lui permettra de reprendre ses activités.

«XL Foods s'engage à respecter les intérêts du secteur du bétail, de nos employés, de la ville de Brooks et de toutes les personnes touchées par le ralentissement de l'établissement de Brooks, a déclaré un des chefs de la direction de l'entreprise, Brian Nilsson, dans un communiqué. Nous espérons que l'ACIA apportera une résolution rapide et viable à cette question.»

Lee Nilsson, l'autre chef de la direction de l'entreprise, a aussi fait référence à l'agence dans une entrevue accordé au Alberta Farmer Express, vendredi.

«Je sais que cela a causé beaucoup de tumulte dans le milieu de l'élevage et l'abattage de boeuf. La crise va passer, mais à ce stade il semble y avoir de l'incertitude à l «ACIA en ce qui concerne la bactérie E. coli», a ajouté M. Nilsson.

Le porte-parole néo-démocrate en matière d'agriculture, Malcolm Allen, a déclaré dimanche que le ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, devrait intervenir.

«Il me semble, qu'à ce stade, avec tout ce qui s'est passé, le ministre devrait demander de parler aux frères Nilsson pour leur demander ce qui se passe», a déclaré M. Allen.

«Il y a actuellement 2000 travailleurs au chômage, et les éleveurs de tout le pays s'interrogent sur ce qui se produit dans le secteur du boeuf. Je pense que le ministre Ritz devra être un peu plus actif que de simplement dire: «c'est leur décision, je ne peux rien faire'.»

M. Ritz a répliqué en déclarant que le NPD «préfèrerait se faire du capital politique sur le dos de la sécurité alimentaire».

«La confiance des consommateurs envers l'industrie du boeuf est primordiale, et c'est pourquoi nous ne compromettront pas la sécurité alimentaire des Canadiens, a indiqué M. Ritz dans un courriel. Les inspecteurs de l'Agence canadienne d'inspection des aliments travaillent avec diligence pour s'assurer que toutes les erreurs de sécurité à l'usine de Brooks soient corrigées. Nous encourageons XL Foods à poursuivre cet effort.»

Les mises à pied temporaires surviennent alors que les inspecteurs n'avaient passé au peigne fin que la moitié du processus de transformation de 5100 carcasses qui étaient déjà conservés à l'usine de Brooks.

Un porte-parole de l'agence d'inspection a indiqué que les inspecteurs n'avaient d'autres choix que de quitter l'usine parce qu'ils n'avaient pas de travail à observer.

Doug O'Halloran, président  du local 401 de la United Food and Commercial Workers Union, qui représente les employés de l'usine, a déclaré que la direction de l'usine avait bousillé la situation.

«Encore une fois, c'est le chaos, et je pense qu'on peut se poser la question: y'a-t-il quelque chose de plus grave à l'usine XL qu'ils tentent de nous cacher? Pourquoi mettre à la porte des employés dont vous aurez probablement besoin lorsque l'usine reprendra ses activités?, a dit M. O'Halloran. Ça ne fait aucun sens.»

M. O'Halloran a indiqué que les travailleurs ont été complètement pris par surprise.

«Ils sont dévastés. Ils sont stupéfaits. Nous étions tous heureux, il semblait que l'usine allait de nouveau être en opération et qu'on pourrait recommencer l'abattage.»

L'ACIA a déclaré que sa priorité était la santé des consommateurs et qu'elle ne redonnerait pas d'autorisation à XL Foods tant qu'elle n'aura pas complété son enquête.

Une contamination par la bactérie E. coli a été répertoriée à Brooks, en Alberta, et 15 personnes ont été infectées. L'entreprise a dû procéder à un rappel de ses produits partout en Amérique du Nord.