Maurice Richard a dépensé 1,3 million pour se doter du premier poulailler québécois conforme à la nouvelle réglementation européenne. Et il en est ravi. «C'est, selon moi, la meilleure façon de garder les oiseaux, dit le producteur de Rivière-Héva, en Abitibi. On répond à tous leurs besoins et c'est très bon pour l'hygiène.»

Dans ce poulailler logeant 28 080 pondeuses, inauguré en septembre dernier, les cages sont dites «enrichies». Une formule prometteuse, à mi-chemin entre les cages traditionnelles et l'élevage en liberté, obligatoire partout dans l'Union européenne depuis le 1er janvier.

Chacune des grandes cages enrichies abrite 60 volatiles ayant accès à des nids, à des perchoirs et à des grattoirs. «Les poules ont un terrain de jeu beaucoup plus grand que dans les cages ordinaires, note M. Richard. Elles font plus d'exercice.»

Leur taux de mortalité est très faible - 1,2% - et leur ponte «aussi importante, sinon plus» que dans des cages ordinaires, rapporte le producteur. Autre avantage: l'appétit des pondeuses a diminué, probablement «parce qu'elles n'ont plus toujours la face dans la mangeoire», avance-t-il.

Un changement historique aux États-Unis

Ce modèle enrichi «semble faire de plus en plus l'unanimité chez les chercheurs scientifiques», reconnaît Philippe Olivier, porte-parole de la Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du Québec. Deux nouveaux poulaillers enrichis, pouvant accueillir un total de 110 000 pondeuses, sont d'ailleurs en construction près de Drummondville et de Saint-Hyacinthe. «D'autres projets sont en vue», assure M. Olivier.

Les 280 millions de pondeuses des États-Unis vivront toutes, au minimum, dans des cages enrichies d'ici à 2030, puisque les systèmes d'élevage conventionnels seront alors interdits. «C'est historique comme changement, souligne Sayara Thurston, militante à la Humane Society International du Canada. Il est temps pour le Canada de faire la même chose, si on ne veut pas être derrière les normes mondiales de traitement des animaux. Ces cages-là ne sont pas un paradis, mais c'est quand même mieux qu'actuellement.»

Il est à noter que la révision du code canadien de pratiques pour les poules pondeuses, menée par le Conseil national pour les soins aux animaux d'élevage, est en cours.

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EN CHIFFRES

Prix d'un gros oeuf

- Ordinaire: 0,26$

- En liberté: 0,45$

- Biologique: 0,51$

Source: IGA en ligne, 14 mai 2012.

La production d'oeufs au Québec en 2011

Producteurs: 107

Poules pondeuses: 3,8 millions

Nombre moyen de poules pondeuses par producteur: 35 736

Production totale: 1,167 milliards d'oeufs

Poules pondeuses au Québec

- 98,3% sont en cage (cage grillagée en pente, sans perchoirs ni nids, les poules ne vont jamais dehors, mais ont de l'eau et de la nourriture à volonté)

- 1,7% sont en liberté dans des poulaillers équipés de nids et de perchoirs, dont: 0,2% sont dites «en liberté» (elles ne vont jamais dehors et ont une nourriture ordinaire, à volonté). 1,5% sont biologiques (elles vont dehors quand le temps le permet et ont de la nourriture biologique, à volonté).

Espace minimum donné aux poules au Québec

- Dans des cages traditionnelles: 484 cm2 par poule brune et 432 cm2 par poule blanche (plus petite). C'est moins qu'une feuille standard (8,5 po sur 11 po), dont la superficie est de 603 cm2.

- En liberté: 948 cm2 par poule brune et 851 cm2 par poule blanche.

- Biologiques: 1667 cm2 par poule à l'intérieur et 2500 cm2 par poule à l'extérieur. En Europe, depuis le 1er janvier, les poules en cage ont droit à un minimum de 750 cm2 par poule. C'est l'équivalent d'une feuille standard et d'une carte postale, mises ensemble.

Source: Fédération des producteurs d'oeufs de consommation du Québec