La nomination de Michael Ferguson au poste de vérificateur général du Canada est durement critiquée par les partis de l'opposition depuis une semaine. Or, le gouvernement Harper a choisi cet unilingue anglophone après qu'un autre candidat, bien connu des Québécois, eut refusé le poste: l'actuel vérificateur du Québec, Renaud Lachance.

Des sources ont confirmé à La Presse que M. Lachance a été pressenti pour succéder à Sheila Fraser. Il était même l'un des candidats finalistes. Mais il s'est finalement désisté.

«Je serais tenté de vous dire que c'est parce qu'il ne parlait pas assez bien anglais», a lancé à la blague une source à Québec.

«Il avait encore un poste au Québec, il restait encore trois ans à son mandat», a ajouté cet interlocuteur, plus sérieusement.

M. Lachance a été nommé vérificateur général du Québec en 2004, et il lui reste effectivement encore trois ans avant la fin de son mandat. Selon nos informations, la perspective d'entamer un autre mandat de 10 ans, cette fois à Ottawa, ne l'enchantait guère.

Le gouvernement Harper était prêt à lui confier le poste de vérificateur général à Ottawa même si M. Lachance ne maîtrise pas parfaitement la langue anglaise.

«Il était l'un des candidats finalistes. Il aurait pu obtenir le poste. Mais il s'est désisté avant la fin du concours», a indiqué une source à Ottawa.

La décision de confier le poste de chien de garde des intérêts des contribuables à Michael Ferguson a soulevé l'ire des partis de l'opposition, qui croient que ce dernier ne peut occuper un tel poste important au sein de l'appareil gouvernemental parce qu'il ne parle pas le français.

Témoignant lundi devant un comité parlementaire, M. Ferguson a reconnu ses lacunes dans l'autre langue officielle. Mais il a promis d'apprendre la langue de Molière d'ici un an.

Cette promesse n'a pas suffi à calmer la colère du bouillant député néo-démocrate Yvon Godin. Ce député acadien juge d'autant plus inacceptable la nomination de M. Ferguson qu'il a été vérificateur général du Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue au pays, pendant quatre ans.

Aux Communes, mardi, M. Godin a de nouveau pourfendu le gouvernement Harper, l'accusant de faire fi de la Loi sur les langues officielles en nommant successivement un juge unilingue à la Cour suprême du Canada et un autre unilingue anglophone au poste de vérificateur général.

Le président du Conseil du Trésor, Tony Clement, a rétorqué que le gouvernement fédéral a fait des efforts pour recruter un candidat bilingue compétent, mais que cette recherche s'est avérée infructueuse.

«Le gouvernement a cherché des candidats bilingues par un processus très rigoureux. Le candidat avec les meilleures qualifications a été choisi et M. Ferguson a dit qu'il était important d'apprendre le français», a affirmé le ministre Clement.